lundi 28 juillet 2008

100% design / les idées sont comme les hortensias / didier saco


toute rencontre, tout échange, toute conversation nous sont bénéfiques

comme les hortensias qui, pour pousser, pour grandir et pour fleurir, ont besoin du froid, du tiède, du vent, du soleil, de l’ombre, de l’eau, du temps, du soin et un peu d’affection, c’est en croisant, en devisant, en regardant, et en écoutant que nous viennent les idées

londres, milan, tokyo, san-francisco, séoul, paris bientôt ? ; ponctuellement, les salons, les foires, les congrès nous rassemblent et sont autant de moments essentiels pour notre formation continue “tout au long de la vie” ; c’est là où, en même temps, nous prenons un peu de distance sur notre work in progress, sur nos travaux en cours et où nous rencontrons et découvrons d’autres matières, d’autres méthodes, d’autres collègues, d’autres collèges, d’autres us et d’autres usages

les salons ne sont pas des barils de lessive que l’on compare / chacun d’entre eux nous apporte, au-delà de ce que nous en attendions et que nous n’y avons pas trouvé et ce que nous y trouvons sans que nous l’attendions, une énergie toujours bénéfique

une fois celà posé, nos temps sont courts, nos budgets tout autant et il nous faut parfois choisir dans notre espace temps restreint

si parfois milan nous laisse déconcertés, face à ce déployement de forces, d’énergies, de matières, de lumières, de flux et de flots dont, parfois, le lien avec le réel nous échappe et fait craindre l’installation du design dans l’utopie / nécessaire mais à dose mesurée /, jamais je ne manquerai londres à la rentrée

c’est à londres que j’ai vu des premières baignoires en bois, les ampoules allumées dans des sacs d’eau, les cloisons en fleurs de tissu, le mobilier en polyestyrène et les premiers bétons translucides

100% design london est notre laboratoire / c’est à 100% design london que les fabricants nous montrent leurs éprouvettes et stimulent nos potentiels / c’est à 100% design london que nous devenons hamsters pour, à notre tour, devenir laborantins

fabricants, industriels, designers, étudiants, acheteurs, chacun se croise à différents moments de la journée, avec différents objectifs ponctuels, différents partenaires et différents discours et un seul global : découvrir

100% design london est un moment responsable dans notre formation continuelle / plutôt que du prototype destiné en priorité à la presse et à promouvoir des fabricants de produits finis, c’est la matière / le bois, la maille, la laine, le verre, l’air, l’eau, la lumière / qui est présentée à londres dans ses possibles, avec l’espace et la respiration suffisants pour que chacun puisse se les approprier et les projetter dans ses histoires

100% design london, c’est un très joli moment de la rentrée / l’aller-retour dans la journée / le plein d’idées, la tête qui tourne, les bras chargés de documentations et la belle énergie partagée avec tous ceux qui vivent d’intuition, d’innovation et de design

100% design london les 18, 19, 20 et 21 septembre prochains
www.100percentdesign.co.uk









design responsable / didier saco

Design & Reliance / am. builles


Le dernier numéro de « Design Plus Magazine » (publication Ardi centre de design Rhônes Alpes), développe et analyse le destin à succés du lapin Nabaztag « messager émotionnel », objet ludique qui s’anime de sons, signaux lumineux et mouvements divers,grâce à la miniaturisation de composants électroniques incorporée et une connection Wifi.
L’intelligence conceptuelle de ce lapin malin « messager émotionnel » récompensé par de multiples prix me suggère deux idées sur la fonction du design.
L’idée largement rebattue de créer un lien émotionnel avec l’usager qui réponde « à l’énorme attente des usagers pour tout ce qui active, facilite, stimule et accompagne la communication entre les gens » ou plus simplement un lien émotionnel qui humanise la technologie.
Le concept de ce lapin messager va bien au-delà de la création d’un lien émotionnel.
L’émotionnel tenant souvent lieu d’exhibition, il serait plus juste parler à propos de Nabaztag, d’une relation de connivence affective créée durablement entre l’objet et son utilisateur.
Ce lien émotionnel ainsi créé dans le dialogue continu avec l’objet renvoie à une dimension affective d’utilité,de celle qui installe durablement dans nos vies, ces objets dits familiers.
La deuxième idée que me suggère ce sympathiqe lapin à tout faire, est l’idée de reliance,
un concept repris et développé par Marcel Bolle de Bal. Ce sociologue considère notre modernité comme un système socio-scientifique de division et de déliance.
Enumérant tout ce qui a étè délié dans nos sociétés, il conclut que nous subissons une société fondée sur une rationalisation « déliante » des rapports sociaux ; désintégration communautaire,dislocation des groupes sociaux primaires, famille, paroisse, village, atelier sous l’effet de rationalisations scientifiques, techniques, économiques et sociales.
Les gens ne sont plus reliés aux autres si ce n’est par des machines,il ne sont plus reliés à eux- même, plus reliés à la terre, plus reliés au ciel….
Les nouvelles technologies s’interposent entre l’homme et sa pensée, et ses sentiments.
« Au fur à mesure que croissent les reliances techniques décroit la reliance humaine »
Les usagers des nouvelles technologies éprouvent de plus en plus cette perte de pouvoir réelle et potentielle.
Si le besoin de reliance est très perceptible dans la société contemporaine, si des aspirations de reliance se font jour un peu partout ,c’est qu’auparavant ont été vécues sous différentes formes, des situations de déliance.
L’enjeu de notre post-modernité est de reconstituer les équivalents des relations primaires détruites par la société de masse.
De nombreuses pratiques de reliance se font jour, sur d’autres enjeux plus matériels, le design en fait partie, comme toute discipline susceptible de créer une nouvelle alliance avec les techniques et notre environnement, médiateur de sens, système culturel de signes, il est expression de notre reliance sensible au monde, à la poursuite des « liances perdues » comme le petit lapin Nabaztag.


Marcel Bolle de Bal
Voyage au cœur des Sciences Humaines/ De la reliance
Paris, l’Harmattan, 1996.

lundi 21 juillet 2008

vert design, ou l’innovation, vecteur essentiel de la reprise / didier saco


chaque se souvient, qui a dépassé 32 ans, de vert baudet, marque vpciste innovante de vêtements de qualité pour enfants sensibles destinée aux parents soucieux du confort de leur progéniture et vendue par correspondance / l’une des premières sur le marché français / innovation majeure

une hirondelle ne fait pas le printemps, et ce n’est pas le design seul qui pourra relancer une croissance stagnante, booster une confiance erratique et détendre des donneurs d’ordre figés

l’innovation, si

olivier assouly analyse la construction du marché du goût et date des années 80, dans les nations industrialisées, le moment où, les marchés étant devenus saturés, grand nombre de marques ont déployé multes artifices esthétiques, grâce au design et à la communication, pour stimuler ou simplement maintenir la consommation, en privilégiant des produits superflus avant qu’utilitaires, la sensibilité plus que la raison, les émotions plus que la rationalité, la jouissance plus que l’utilité et en donnant goût pour l’objet dont personne n’a réellement besoin

quatre décennies ont passées, les marchés ne sont plus saturés mais gavés et les nouvelles générations arrivent, tentées par le no logo, la décroissance et la marche à pied

que nous demande le marché aujourd’hui ? créer, produire ou imaginer, tester, essayer ou assurer ?

l’innovation ne consiste ni à reproduire, ni à varier des fondamentaux déjà usés mais à construire sur de nouveaux matériaux, de nouveaux usages et de nouvelles finalités, tout en sachant intégrer les expériences passées

l’innovation repose sur des paroles, sur des gestes, sur des intentions et sur des projets, c’est-à-dire sur des normes et des valeurs intelligibles et partagées par toute une communauté

l’innovation, pour être pertinente et féconde, passe par l’acquisition et l’application constante de l’histoire des histoires, celle des signes et des codes, des couleurs, des structures et des formes

un logotype, un packaging, une affiche, une scénographie, un mobilier peuvent être, bien sûr, conçus sans connaître les significances et les valeurs du bleu et du vert, du flou et du flouté, du carré, du carton, de l’oberflex et du bamboo, tout comme l’on peut écouter un concert sans savoir déchiffrer une partition et lire jim harisson sans avoir véçu aux états unis

mais le temps est juste compté et les budgets restreints / les risques ne font plus recette

la sémiotique en design n’est pas nécessaire, bien sûr / elle est juste indispensable

olivier assouly, le capitalisme esthétique, essai sur l’industrialisation du goût, cerf, 23.00 euros

100% design les 18, 19, 20 et 21 septembre à londres, tout aussi indispensable

En toute connaissance de cause / a-m. builles


Sémiotique et packaging.

Début 2007, la marque de laitages française la plus célèbre dans le monde, au terme de 4 années de recherches menées par son centre de recherche de nutrition et avec l’appui de dermatologues indépendants, met au point une formule d’un yaourt qui nourrit « la peau de l’intérieur », un yaourt permettant de contribuer à réduire la perte en eau de la peau de 15% dès 6 semaines d’utilisation.

Une révolution au rayon frais, un lancement d’enjeu majeur pour la marque, l’expertise de la marque est appelée à la rescousse et, sur le site du produit, il y est question de « dermonutrition » et « complexe pronutris ».

En l’absence de contraintes légales, le produit peut surfer sur la vogue des alicaments avec un défi supplémentaire pour faire événement sur le linéaire ; jouer à fond le mélange des genres entre alimentation et cosmétologie.

La marque convie alors une célèbre agence d’identité packaging avec un seul mot d’ordre : de l’impact, de l’impact !

Pour faire plus cosmétique que cosmétique, l’agence a proposé un pack rose fushia, agrémenté d’éléments typés cosméto, typo et décor argent sur une forme arrondie et féminine.
Le lancement se fait en fanfare, dans de petits frigos roses placés dans les rayons cosmétiques des grandes surfaces.

Il semblerait aujourd’hui que le succès du produit n’est pas à la hauteur des attentes de la marque.

Une analyse sémiotique du packaging aurait pu révéler quelques motifs symboliques d’alerte quant au positionnement du produit sur son rayon.

Simples questions : le packaging était-il à l’image du projet et de la stratégie d’innovation et de rupture de la marque ? Le ressenti des effets visuels était-il en concordance parfaite avec son ambition sur ce produit ?

Si la valeur d’un produit dépend du degré de croyance et de désirs qu’il suscite, quelques « bugs » perceptibles intuitivement auraient pu être révélés, validés et confirmés par une étude sémiotique bien conduite.

Ici, on attend manifestement de la part de la consommatrice croyance et confiance aveugles, rien dans le visuel packaging ne vient conforter les allégations scientifiques et tout le capital recherche investi par la marque.
La désignation reste très abstraite sur le propos et, quant à la séduction cosmétique, la couleur très signalétique rose fushia, surconnotée féminine, n’est pas loin d’évoquer un univers de poupées mannequin bien connu des petites filles, au point que l’on se demande s’il n’y a pas une volonté de mise à distance ludique de la part de la marque.

La marque a-t-elle osé ce parti pris en toute connaissance de cause ?
L’innovation comporte toujours un risque d’échec mais, en matière d’ergonomie visuelle, s’affranchir des codes et des clichés de son univers de références n’est pas sans risque, sinon celui de tomber dans d’autres clichés.

Il est permis de limiter les risques dans toute démarche d’innovation.
Il existe un outil très fiable d’évaluation et d’optimisation de l’impact visuel des signes émis par la marque pour un positionnement donné.

Que ce soit au niveau préliminaire de la définition du positionnement, de la phase de création, dans le process d’ajustement du visuel pack ou, plus tard encore, dans l’évolution de la vie du produit, l’analyse sémiotique propose une méthodologie d’analyse très fiable qui peut faire économiser du temps, des moyens et de l’image à la marque.

Pour anticiper l’avenir du produit, l’analyse sémiotique crée les conditions d’un dialogue très fructueux entre la marque et son agence de design.


Clés et codes du packaging
sémiotique appliquée
Marina Cavassilas
(éditions Hermes Lavoisier)

lundi 7 juillet 2008

appel d’offres / la vraie vie a toujours raison / didier saco


il est des thêmes récurrents / comme le loch ness, les vertus du botox et la pertinence du tour de france / le débat sur l’appel d’offres fait toujours recette

chacun a toujours son exemple, sa vertu et sa morale et aime, régulièrement, se faire le défenseur du designer opprimé et de l’architecte méprisé et adresser missive tonitruante / avec force copie à la presse “pour info” / pour partager son indignation et répandre sa vindicte sur le passeur de commandes publiques coupable de toutes les indignités

and so what ?

qui peut se plaindre de l’appel d’offres qui contraint tout marché public supérieur à 4 000.00 euros à être rendu public afin que chacun puisse y participer ? c’est là une mesure exemplaire de la démocratie qui permet, sur le papier , à chaque entreprise qui le désire, de participer à tout marché public

une fois celà dit, “sur le papier”, chacun sait les difficultés rencontrées, les dossiers incomplets, les réponses jamais reçues, les attributions “localisées” et les marchés qui s’arrêtent à mi-gué

deux postures sont alors possibles / ou l’on continue à maugréer, chacun dans son coin, ou l’on cherche à changer la vie

c’est toujours la vie qui a raison / la vraie vie, ce sont les entreprises qui, face aux marchés, à leurs expériences et leur usage du quotidien de leur métier, savent qu’une scénographie ne se réduit pas à des mètres carrés, la construction d’un immeuble à un nombre de fenêtres et un catalogue à un nombre de pages

la vraie vie, ce sont les initiatives politiques, économiques et pratiques qui se multiplient pour donner un coup de pouce aux pme dans l’accès aux marchés publics, tel le réseau commande publique qu’anime oséo, avec le concours du groupe moniteur, du ministère de l’économie et de l’ordre des experts comptables

la vraie vie, c’est bien sûr le désarroi des entreprises face à leur temps passé à monter un dossier qui ne sera pas ouvert parce qu’il y manque la pièce dc43 bis / mais c’est tout autant l’embarras du secteur public qui ne reçoit pas ou plus ou presque plus de réponses à ses appels, suite aux multes déconvenues passées et doit alors faire avec les réponses reçues, ou renouveller son appel et laisser passer le temps d’autan

la vraie vie, c’est souvent et avant tout l’embarras des passeurs d’ordre qui n’ont pas appris, ou n’ont pas reçu la formation, pour comprendre, négocier et acheter du design et de l’architecture, et se réfugient, le plus souvent, sur un prix, un délai, une référence ou un nom pour étayer un choix nécessaire sur des raisons par défaut arbitraires

la vraie vie, celà doit être alors la patience de laisser du temps au temps pour que la vraie vie prenne sa place chez les passeurs de commande publique et, en même temps, l’apprentissage, chez les entreprises candidates, que leur métier, leur vocabulaire, leurs plans et leurs références ne relèvent pas encore du quotidien de chacun et qu’il peut être judicieux de prendre le temps, dans la constitution d’un dossier, d’expliquer, de détailler, d’intégrer une note d’intentions et, comme alice, de passer de l’autre côté du miroir

www.oseo.fr/votre_projet/commande_publique

La couleur du design / anne-marie builles


Le parcours de Designers Days s’est tenu cette année sous la bannière de « matière et couleur » on y a beaucoup parlé de lumière.
Pour un temps, cela nous a reposé du « concept ». Deux scénographies furent remarquées ; ombres portées et images cinétiques pour Claudio Colucci chez Forum Diffusion, couleur qui met en évidence la pureté des lignes et des plans et définit formes et fonctions pour Arik Levy chez Knoll & Cassina.
Nous avons besoin des couleurs.
Nous aimons la nature parce qu’elle est « couleurs » et qu’elle déroule sous nos yeux et dans nos cœurs une infinité de nuances et d’harmonies.
Nous prêtons moins attention aux couleurs dans la ville, et pourtant….
Les couleurs animent aussi les murs de nos villes, qui s’est promené dans un pays totalitaire où toute image publicitaire est bannie, a pu ressentir ce mal-être qui s’insinue peu à peu dans le corps et l’esprit.
« Nécessité vitale, matière première indispensable à la vie » (Fernand Léger) la couleur influence notre vie physique, pénètre notre être intime en exerçant un subtil pouvoir de persuasion sur notre psychisme.
Les couleurs rythment nos saisons, le temps qu'il fait, notre état d'esprit du moment... elles suscitent des émotions particulières et révèlent nos états d’âme.
« Manière dont nous percevons les ondes lumineuses » la couleur est lumière et vibration, elle énergise notre environnement et notre univers personnels.
Dans l’expression plastique,Rothko nous a montré le chemin, en faisant de la couleur son unique moyen d’expression.
Il nous fait vivre à travers ses toiles « une expérience extatique de la couleur».
En poussant l’expression de la dimension irradiante de la couleur à son extrême limite, Rothko nous isole face à nous-même dans une densité d’énergie vibratoire qui confine à l’expérience métaphysique ou plus simplement au spirituel.

Si le XXIe siècle est spirituel, il sera le siècle de la couleur.
Les designers sont généralement plus sensibles à la forme qu’à la couleur
Sur les traces de Rothko, prenons conscience du ressenti des couleurs dans notre vie quotidienne, de la manière de les porter sur nous, de s'en entourer dans notre espace de vie !
Puisons énergie et dynamique dans la vibration des couleurs !
Elles stimulent et éveillent notre réceptivité au milieu dans lequel nous évoluons.
Les designers, qui privilégient la forme, doivent apprendre à ressentir avec les couleurs.
Mettons du spirituel et de l’énergie de vie dans nos concepts, c’est la clef du design émotionnel…..
Designers Days Edition 2008 www.designersdays.com