lundi 27 avril 2009

tout arrêter, et écouter melody gardot / didier saco


américaine du mississipi, 23 ans et auteur de ses mélodies et des textes
le travail de melody gardot s’inscrit dans cette lignée de mélopées éternelles, là où le temps s’arrête, où l’âme s’envole et où le cœur s’apaise

la fnac la classe à jazz, et cela pourrait être tout autant à pop et à blues /
ceux qui aiment les cases associeront le travail de melodie gardot à norah jones, à diana krall et à crystal gayle, et tous les autres, les non-casés et les non-initiés, seront juste envoûtés, comme moogli par kaa, par cet espace de liberté et de création pur où le son, la voix et le rythme se racontent des histoires merveilleuses et fascinantes

rendez-vous à l’alhambra à paris le 13 mai, unique concert avant nice, au festival du jazz le 24 juin, mais c’est trop loin

my one and only thrill / melody gardot / verve / 20.40 euros

Moins de moi, moins de mots et plus de monde / Anne-Marie Builles


Sur ce propos qui paraphrase la parole du poète Kenneth White, pourrait se cristalliser tout un champs d’engagements à venir du designer face aux mutations environnementales qui remuent la planète.
Cette présence au monde d’aujourd’hui est manifeste dans les recherches prospectives de 11 designers présentés par la Fondation E D F dans son espace Electra sous la bannière Paris design en mutation.
Pas de design radical dans leur parti pris mais une grande qualité d’attention portée sur notre réalité, en prise directe sur les révolutions environnementale et numérique que nous sommes en train de vivre.
En phase avec les nouvelles avancées technologiques, les nouveaux matériaux et procédés de production, les nouveaux systèmes d’information, les designers réinventent une nouvelle cohérence pour rendre notre monde plus habitable et créer d’autres logiques du vivre ensemble.
Leurs recherches témoignent d’un début d’effacement des ego et d’une mobilisations des sensibilités face aux grands défis contemporains, climatiques, énergétiques, économiques et sociaux que nous allons avoir à gérer.
Cette mobilisation sera l’honneur du projet d’une profession qui peine encore à se déterminer en autonomie et à s’autoriser d’une conscience globale de son action et de son utilité : c’est là que s’exprimera au plus juste de son acception, le sens de design global.

Responsabilité
Responsabilité est le premier mot qui apparaît en exergue du film qui présente les témoignages des responsables des écoles de design et des institutions d’aide et promotion du design sur leurs perceptions et analyses de ces mutations.
Il y est question à nouveau du beau mot d’esthétique industrielle, de designers « agents de transformation », de répondre aux grands défis contemporains, de concevoir en amont des objets justes, d’associer des laboratoires de conception aux industries, de porter un regard critique sur ses pratiques, enfin de rendre compte à la collectivité.

Il n’est pas difficile de détecter dans certains propos un soupçon de désaveu sur ce qui a pu paraître à partir des années 80, comme une trahison des designers ; quand la profession eut trop tendance à s’enfermer dans une logique marketing du court terme, une logique frénétique d’adhésion d’image à la marque, à ses scénarios et ses fictions concoctés par les marketeurs et qui fut prétexte à tracer une ligne de partage indécise gagnants / perdants qui laisse encore dans les esprits des traces durables de frustation.

« Clivage entre l’objet et le discours qui le porte », excès des signes et images « pour masquer le retour du même » comme le souligne Michel Bouisson.
Au temps du marketing pourrait bien succéder le temps des designers.
Cette exposition porte une grande nouvelle, celle d’une nouvelle forme d’alliance entre le design et les recherches scientifiques et techniques et l’espoir d’une intelligibilité possible de notre modernité et d’une refondation d’une politique industrielle qui retrouvera le sens de l’humain.
Paris design en mutation
17 avril-30 août 2009
Espace Fondation EDF

mardi 21 avril 2009

les mois du design / didier saco


d’abord, il y a septembre / septembre à londres pour 100% design, laboratoire d’idées à partir des fournitures, des fournisseurs et de tout ce que les matières, nouvelles, connues et à découvrir permettent de créer
100% design, ce sont les premières émotions face aux cloisons en tissu découpé, les baignoires en bois et les lampes en eau / 100% design, c’est aussi la première rencontre design de la rentrée après les grandes vacances, comme le cartable retrouvé

puis il y a octobre et l’observeur du design à la villette / 150 à 200 créations chaque année, du service au produit, l’espoir d’être reconnu par une étoile et d’en devenir une et la certitude de rencontrer tous les acteurs du design qui ont choisi de travailler en france

janvier et septembre à villepinte, ce sont maison et objet qui rythment nos temps, là où sont présentés les produits qui ont quitté la recherche et sont passés du rêve à la réalité et se croisent, s’affrontent et se complètent

milan en avril, qui démarre cette semaine, c’est le rendez-vous du printemps, après les ombres et les incertitudes de l’hiver / millan, c’est le travail colossal des marques qui innovent et investissent dans le design / c’est aussi, bien sûr, alice au pays des merveilles et tous ces projets dont certains deviendront réalité et donneront envie à ceux qui les verront de poursuivre / c’est, tout autant, la rencontre et le partage avec des acteurs du design du monde entier qui échangent et confrontent leurs projets, leurs recherches et leurs incertitudes

et designer’s days, en juin à paris, avant l’été, c’est la mise en scène du design autour de l’imaginaire / du 11 au 15 cette année, autour du thême de secrets de design / rives droite et gauche, marques et boutiques rivalisent d’idées pour montrer en avant-première leurs recherches, leurs thématiques, leurs talents et leurs créations

le design est communauté, sans doute plus que d’autres secteurs d’activité, par la nécessité qui souvent fait loi et a besoin de rendez-vous, de points de rencontres qui sont autant de moments essentiels pour la constitution du groupe et de l’échange : partage d’expériences autour des nouvelles matières, des formations, des étudiants, des écoles et aussi du marché, des appels d’offres, des clients et des rémunérations

le design est aussi réalité : il ya aussi les 12 mois de l’année et les 4 trimestres, et les salaires et les charges à assurer

le design est activité économique qui emploie, rémunère et apporte un savoir-faire qui, à son tour, génère de l’énergie, crée de l’emploi et dégage de la rémunération / chaque jour nous en apporte la preuve, même s’il nous est encore parfois difficile de le dire et de le faire entendre

la communauté design sait chercher, innover, se rassembler et partager / peut-être nous reste t’il à apprendre à encore mieux expliquer notre métier, qui séduit, qui intrigue et qui, avant tout, est vecteur d’innovation et de mieux-vivre pour le plus grand nombre


milan du 22 au 27 avril / salone internazionale del mobile / www.cosmit.it

mois par moi / jean-michel ribes / actes sud / 15.00 euros, sans lien aucun avec ce qui précède, sinon la belle énergie

lundi 6 avril 2009

p.e.t. / polyéthylène téréphtalate / didier saco


la déconvenue des designers au sortir d’écoles, après 3, 4 ou 5 ans d’études sur la création, le possible, le poussable, l’imaginaire et l’imaginable, face aux nons qu’ils entendent, fait peine à voir

design et récession constituent un parfait oxymore, comme la neige brûlante et le silence assourdissant, ce joli mot qui signifie l’association de deux contraires

la récession incite à la tentation funeste au repli, à l’attente, au rejet et à l’inaction alors que chacun sait que c’est l’innovation qui défriche et ouvre les voies des demains et va nous permettre de trouver de nouvelles énergies, de nouveaux modes de vie et de comportements

mais sommes-nous prêts à l’innovation ? pourquoi avons nous laissé les téléphones portables nous conquérir et nos trains sans cabines téléphoniques, alors que nos camarades européens les y avaient installées bien avant nous ?

la maison joseph mellot, à sancerre, produit chaque année 2 millions de bouteilles distribuées dans toute l’europe
il y a 2 ans, joseph mellot a remplacé, sur une ligne de produits le bouchon en liège par une capsule à vis ; un geste en moins, un composant de moins, quelques grammes de moins : en 2 ans, un développement de 400 000 unités

en parralèle, la marque a lancé une étude pour remplacer la bouteille de verre par une bouteille en pet / le pet, chacun s’en souvient, fait partie de la famille des polyesters thermoplastiques, donne un rendu matière souple et permet de fabriquer des tubes à essais, des récipients résistants et des bouteilles et est total recyclable

le produit est sur le marché, et le résultat stupéfiant : le poids de la bouteille passe de 500 à 54 grammes et son encombrement est réduit / l’épaisseur de pet nécessaire est bien moindre que celle du verre

les réactions des consommateurs face à la nouveauté le sont tout autant : ce n’est pas la crainte de la disparition du geste, de la matière verre, de la tradition qui est évoquée en premier mais juste celle de la question de l’altération du goût, totalement respecté
tous les tests sont au vert et favorables au pet face au verre : si 50 % des récipients en verre sont recyclés / jusqu’à 90% pour le verre recyclé, le recyclage du pet l’est davantage et beaucoup plus souple / l’étiquette rafwash, avec un adhésif sensible à la chaleur est récupérée facilement et elle aussi recyclée / quant à l’économie de poids - 90%, l’économie de co2 pour le transport, et particulièrement à travers toute l’europe est déterminante

ce sont les pays scandinaves / suède, norvège, finlande, les plus sensibles à l’innnovation écologique de joseph mellot / ce sont aussi les particuliers, sensibles au poids de la bouteille et au souci de la marque de participer à la préservation de notre environnement

sommes nous prêts à l’innovation ?
sommes nous prêts au flacon de parfum en pet ?
certains l’ont essayé, avec des succès divers il y a quelques années / mais, en quelques temps, nos idées et nos aspirations, elles, ont beaucoup changé
sommes nous prêts à la bouteille de champagne en pet ?
toutes les études sont prêtes, chez toutes les marques de champagne / mais sommes nous prêts à ne plus sabrer ?

de nouveaux marchés sont à créer, pour le champagne conditionné en pet / réceptions /, pour le parfum en flacon souple et pour le vin sans bouchon

le risque est d’avoir raison, trop tôt, ou de rater le train, avec ou sans téléphone, trop tard

joseph melllot / sancerre / 02 48 78 54 54 / www.josephmellot.com
materiology / polyéthylène téréphtalate page 208 / daniel kula, élodie ternaux et quentin hirsinger / éditions birkhauser