lundi 29 juin 2009

à quoi sert hedi slimane ? / didier saco


chacun se souvient qu’hedi slimane, après avoir conçu une collection black tie pour yves saint laurent en 2000/2001, est devenu directeur artistique chez christian dior pour la collection dior homme et s’est vu confier la direction des parfums et de la création et de l’architecture des boutiques jusqu’à l’été 07

chacun se souvient, la maison dior la première tout comme le prêt-porter masculin dans le monde entier, de l’impact essentiel qu’hedi slimane a donné, autant à la silhouette du vêtement pour homme qu’à l’aménagement des boutiques
c’est sur l’impulsion d’hedi slimane que tous les jeunes gens fashion portent des vêtements étroits aux épaules serrées, des silhouettes longilignes et des couleurs radicales / blanc, noir ou beige / et que les boutiques, de mode et de déco, suivies par les restaurants, les hôtels et bientôt les stations-services ont quitté l’axe bazar / profusion de matières, de couleurs et de produits / pour l’axe rare / du blanc, du noir et quelques rares produits

cet élan, cette modernité, la marque l’a porté, l’a soutenu et lui a permis de gagner une notoriété exceptionnelle de modernité pour un secteur, le prêt-à-porter masculin, peu enclin aux envolées d’innovation

et, tout d’un coup, patratras, la modernité devient éternité

le cœur de toutes les femmes dans le monde entier / ou presque / et aussi sans doute celui de pas mal d’hommes a battu pour alain delon
il y a quarante ans
l’image d’alain delon que nous offre la presse est sublime de beauté et, en même temps troublante car elle ne s’inscrit pas dans le réel / pour le bonheur de tous, et en priorité celui de ses proches, alain delon est bien vivant, mais 40 ans séparent celui d’aujourd’hui et celui de la communication /, ni dans un lointain passé, car la qualité de l’image, le soin du grain et la perfection des couleurs l’inscrivent dans notre aujourd’hui, ici et maintenant

et la base-line retenue est claire / l’éternel masculin
qui est la cible de l’éternité ? qui est visé par cette annonce ? quelle est la stratégie de la marque ? à qui est destiné ce produit ?

jude law, ben affleck et guillaume canet, tout comme pete doherty pour hedi slimane, sont les symboles actuels auxquels les jeunes gens, potentiels acheteurs du produit, peuvent s’identifier
mais comment accéder à l’éternité ? qui veut y aller ? quel parfum a l’éternité ? prennent-ils la carte bleue ?

le rôle du designer auprès de la marque ne se limite pas au dessin du logo, au choix de la typo pour l’accroche, à la mise en page de l’annonce ou à la retouche de l’image
la pertinence de nos projets, de nos cultures et de nos expériences nous permet de développer, nous designers, nos territoires d’expertises et de compétences et de participer à la réflexion sur l’impact d’un positionnement sur la stratégie de la marque, autant pour dessiner un flacon que pour concevoir une annonce

la marque construit son histoire, à travers chaque produit, chaque packaging, chaque annonce, chaque plv, chaque mobilier, chaque scénographie et les codes, les matériaux, les images et les mots déroulent une cohérence, rentable ou une disruption, toujours possible mais pericolosa


et, en écho à tous nos travaux, l’exposition madeleine vionnet, puriste de la mode aux musées des arts décoratifs à paris jusqu’au 31 janvier 10 scénographiée par andrée putman

Dans l’œil du critique Bernard Lamarche-Vadel / A. M. Builles


« Le privilège des grands, c’est de voir la catastrophe d’une terrasse ».
A prendre au mot, cette phrase de Jean Giraudoux qu’il mit en exergue de son exposition « qu’est ce que l’art Français (1986) ? », Lamarche-Vadel plaça très haut l’exigence de pensée où il situera toute sa vie durant son regard de critique et l’esprit d’indépendance hautaine, alliée à une ironie tragique qui se plaira souvent à frôler l’abîme.
Lamarche-Vadel fut, dans les années 80-90, la figure de référence de la critique d’art, mais son engagement dans l’écriture le mènera bien au-delà. L’expérience de l’art sera toute sa vie, à un degré de hauteur de vue peu commune .

Même mise à bas de son piedestal par la modernité, l’œuvre d’art ne cessa jamais d’être pour cet ami passionné des artistes l’unique passerelle jetée vers l’invisible.
Mu par une nécessité intérieure qui jamais ne faiblit sans tomber dans l’idéalisation vaine, il fut un passeur vivant vers l’invisible.
Une sensibilité d’écorché vif, une énergie de pensée lucide et aigüe rompue aux pensées les plus à la marge de son époque (Deleuze, Foucault, Barthes Lyotard), une rage animale et terrienne au sens le plus noble du terme traquèrent avec malice et perversion tous les poncifs, les compromis, les impostures d’un marché de l’art auquel il fut mêlé, par la force des choses.

L’expérience des limites fut son quotidien, il se trompa évidemment, et se fit quelques ennemis institutionnels ou qui le devinrent .
Mais la radicalité, l’intransigeance et la clairvoyance de ses jugements surplombent aujourd’hui les propos convenus de bien des réflexions qui le menèrent vers un splendide isolement mortifère dans lequel il sombra en 2000.
« Il n’est pas de grand créateur sans légende » : il contribua à la façonner, tel un dandy baroque. Nombre de ceux qui l’ont connu et en ont été changés la prolongent aujourd’hui et témoignent
avec émotion du bouleversant parcours de cet homme dédié à l’expérience de l’art.

« A l’heure de la décomposition générale, il prend le pouls des désastres, dissèque les ravages, rafraîchit les cerveaux sur l’actuelle expropriation des corps » note son amie Isabelle Sobelman.
Il n’avait pas l’esprit d’école et de collection, ce qui fait de sa vie et de ses écrits un témoignage incomparable sur les singularités passées de l’art du vingtième siècle et de celui qui vient.

« Bernard Lamarche-Vadel, un nom qu’il ne faut pas oublier.
Il est de ceux qui méritent ce bel adjectif d’ irrégulier, il n’était pas égal, pas symétrique, à la manière d’Otis Redding qu’il aimait, il changeait de rythme, accompagnait le mouvement de la vie, de la pensée de la curiosité du langage » / olivier kaeppelin.
Merci, Bernard Lamarche-Vadel, de nous forcer à lire, à entendre et à voir ce que nous regardons.

Lire et écouter ses conférences et ses entretiens à l’exposition.
Ainsi que les conférences qu’il donna à l’IFM, institut français de la mode

Dans l’œil du critique / musée d’art moderne de la ville de paris jusqu’au 6 septembre

mardi 23 juin 2009

checkpoints en quadri / didier saco


chacun sait que l’une des fonctions primordiales du design est de transformer la contrainte en avantage et de rendre la difficulté efficiente et convaincante

l’institut du monde arabe / ima / présente pendant 6 mois la création plastique palestienne / peinture, sculpture, photographie, video, installation / une merveille d’intelligence et d’ordinaire

sheriff waked, né à nazareth en 1964, présente chic point, fashion for israeli checkpoint, video qui fait défiler en intro toute une série de prises de vues, en noir et blanc, qui montre des hommes, contraints de découvrir, à des checkpoints et face à des militaires, leur ventre afin de prouver qu’ils ne portent par de ceinture d’explosifs autour du corps / c’est à partir de cette matière réelle, quotidienne et ordinaire que sheriff waked a conçu et fait défiler toute une collection de prêt-à-porter pour hommes qui révèle, par découpe, par pli, par échancrure et par incise leur abdomen “special checkpoint”

sandi hilal présente le point de vue, ordinaire et quotidien de 2 femmes sur leur vie de tous les jours, entre lessives, poules, lapins et plantes sur parpaings, au camp de fawwar à travers ruines, décombres et détritus

et rana bishara traite le barbelé, non comme décor, non comme argument et encore moins comme symbole mais comme matière quotidienne, celle que l’on voit toute la journée et fait partie de l’ordinaire

la couleur change tout
léon blum et antoine pinay resteront à jamais des vieux messieurs sepia, en manteaux et chapeaux, et la couleur manquante nous les fait remiser, à tort bien sûr, au panthéon des temps passés où nous n’irons jamais car nous sommes devenus formatés par l’usage intensif de media et addicted à la quadri

et ce n’est ni à la baie aux cochons ni à marilyn que john kennedy doit sa notoriété mondiale mais à kodak
10 ans plus tôt, sans kodak, kennedy serait resté un président relégué pour toujours aux archives et tous les talents de chanel n’auraient rien pu pour jackie si son tailleur rose avait été vu gris et ni john-john, ni caroline ne lui auraient épargné le sort gris de madame coty sans la couleur, en bateau, sur la plage, à cheval et en famille

c’est la couleur qui donne sa fulgurance au travail présenté sur le barbelé quotidien / pour chacun d’entre nous, européen heureux qui connait depuis 50 ans la paix et la liberté, le barbelé est associé immédiatement et seulement aux images en noir et blanc des camps qui ont déchiré l’europe et ont marqué pour toujours nos mémoires

le barbelé en quadri, ce n’est ni drama, ni pathos : juste la vie, quotidienne et qui transforme la matière ordinaire en source de création et d’énergie efficiente et universelle

palestine, la création dans tous ses états, exposition d’art contemporain
du 23 06 au 22 11 09
institut du monde arabe / Ima 1 rue des fossés saint bernard paris 5 / 7.00 euros

mardi 16 juin 2009

qui a peur des designers ? / didier saco


damien hirst / the kiss of death / 2005

qui a peur des artistes ? la ville de dinard présente tout l’été une sélection d’œuvres de la françois pinault foundation

60 pièces choisies pour susciter la curiosité et déclencher l’envie de découvrir / 60 pièces du monde entier qui permettent une approche en douceur de l’art contemporain / 60 pièces, souvent inconnues, des artistes leaders de la création contemporaine, chinois, anglais, italiens, français, américains et qui s’enchainent, se répondent et racontent l’histoire d’une collection généreuse et éclectique

une exposition à la fois pédagogique, initiatique et stimulante

qui a peur des designers ? c’est la question que nous nous posons à chaque fois que nous présentons nos projets, nos agences, que nous prospectons et que nous développons nos actions
devons-nous privilégier la matière, l’usage et la forme ou la stratégie, l’impact et le retour sur investissement ?
qu’attendent de nous, en 2009, nos clients et nos projets ?
de l’idée, de l’innovation ou de l’information et de la formation ?
la pédagogie, le marketing et la durée de vie de nos projets sont-ils déjà inclus dans les attentes de nos clients ou devons-nous, à chaque fois, justifier la pertinence du design ?

l’une des réponses, pour vaincre les peurs et les réticences à nous faire travailler, est de savoir établir le lien entre le fragment et le global / c’est la connection réussie entre un détail, la courbe d’un mobilier, la blancheur d’un matériau et la transparence d’un pack et le projet de la marque de devenir leader, être plus vue, mieux écoutée et plus consommée qui augmente la confiance en nous

nos outils nous y aident beaucoup / depuis 12 ans, l’ordinateur nous permet de créer des idées d’organisations compliquées qui deviennent simples, claires, efficaces et rapidement réalisables

ce qui est devenu simple, aussi, c’est la circulation des cultures et des expériences, via la mondialisation / tout mobilier urbain, toute signalétique, toute scénographie, tout logotype aujourd’hui porte toutes ces sources d’énergies, culturelles, économiques qui donnent à nos présentations et à nos projets leur simplicité et leur énergie

un banc ne sert plus qu’à s’asseoir / il raconte, en même temps, plusieurs histoires : celle de sa matière, recyclable, celle de son public, le plus vaste possible et celle de son environnement / au bord de la mer, en pleine forêt ou en pleine ville

qui a peur des artistes ? palais des arts et du festival à dinard,
tous les jours de 11 à 19 heures jusqu’au 13 septembre

à découvrir aussi : julian schwarz et nicholas rena, sculpteurs de bois et de terre aux arts décoratifs à paris jusqu’au 04 octobre

lundi 8 juin 2009

marianne faithfull et shakespeare / didier saco


marianne faithfull nous ressemble /
vendredi dernier avec kurt weill à la salle pleyel et, la semaine prochaine, avec shakespeare, les poètes beat et le rock à la cité de la musique : elle traverse

sa voix nous aide car, pour ceux qui travaillent sur le devenir de l’usage, elle nous raconte toutes les rencontres, toutes les idées, les épreuves et les voies possibles

elle décrit le geste, la matière, la couleur, la forme, le mot de nos recherches et nos travaux qui annoncent et déterminent l’air du temps, celui traversé et celui qui nous attend

anglaise, elle sait réduire les gestes en signes, les phrases en mots et les vies en fulgurances

“le pire, dans la drogue, ce sont les dealers”
cette sentence de marianne faithfull, nous l’appliquons souvent à nos métiers

combien d’étapes, de rendez-vous, d’échanges, d’entretiens, de validations, de temps, de délais, de négociations qui alourdissent, pénalisent et parfois bloquent nos projets ?
combien de réunions démarrées enthousiastes et terminées, épuisés, diluées ?
combien de projets modifiés, corrigés, précisés, reculés et “en stand by for ever”?
combien de compromis qui ne s’avèrent pas que du talent à savoir débattre mais l’épuisement de vouloir en terminer, quand même et à tout prix

les dealers, ce sont ces projets avec des matières innovantes mais que tant de contrôles, de tests, d’essais et de prototypes transforment en impossibles
les dealers, ce sont les réponses qui n’arrivent pas, les délais de paiement à 120 jours toujours, les bons de commande perdus, les appels d’offre sans écho et les messages sans réponse
les dealers, c’est nous aussi, parfois, qui bloquons, doutons, hésitons, reculons et parfois même stoppons

la voix de marianne faithfull, qui a connu multes chemins de traverse, est magique et lumineuse / elle raconte le toujours possible, les épreuves qui bâtissent et les liens avec toutes les cultures et tous les possibles

légende et modèle pour new generation

mercredi 17, shakespeare songs, jeudi 18, easy come easy go tour et vendredi 19 06, poètes de la beat generation avec michael lonsdale
cité de la musique à paris / 01 44 84 84 84 / www.citedelamusique.fr

mardi 2 juin 2009

le packaging événementiel / didier saco


merveille du temps qui passe et qui nous éclaire sur le mouvement perpétuel des mutations de tous les composants du monde qu’il nous incombe d’ajuster sans cesse pour pouvoir en vivre

la dynamique est inexorable, c’est tout le drame de general motors, première entreprise us qui s’est crue éternelle et s’est arrêtée aux années 90, sans prendre garde au monde qui tourne, au désir croissant de petites cyclindrées et au rejet tout aussi croissant des puissantes 4 x 4

le packaging tient salon porte de versailles, à paris les 03 et 04 juin et, comme le monde, le packaging évolue en permanence / comme les produits, comme ceux qui les fabriquent et comme ceux à qui ils sont destinés

trois acteurs majeurs autour de cette énergie : la marque, le produit et le client, s’il veut bien le devenir
nulle marque aujourd’hui ne peut se targuer de tenir une clientèle captive / un nomadisme généralisé, de gré ou de force, amène tout un chacun à précariser ses habitudes de consommation et à passer de la grande surface à la boutique, via la vente par internet

le produit doit faire ses preuves, et les promesses de la communication et du marketing doivent être tenues, et vérifiables par tous et à tout moment

quant à l’événement, le seul mot fait frémir tant nous sommes sollicités avec une régularité effrayante, et trop souvent violemment

il incombe donc au packaging événementiel de savoir porter l’information et d’inciter l’acte d’achat , là ou habituellement il se fait, avec les formes, les mots et les matières qui savent informer et convaincre

le rôle du designer y est essentiel pour trois raisons simples
- la première est liée à la marque et à son écoute / la nouveauté d’un produit n’est pas suffisante pour en assurer le succès / le rôle du designer est de savoir l’intégrer à la fois dans une dynamique collective de l’histoire de la marque et dans celle de son environnement
- la seconde est liée au client / quel récit sur le pack, quel usage, quelle durée de vie ?
- et la troisième est notre histoire collective, à dimension universelle / comment la marque, le produit et ses packagings / primaire, secondaire et tertiaire si nécessaire / s’inscrivent t’ils dans la dynamique du plus grand nombre ?

le rôle du designer est de savoir établir un rapport adulte entre la marque et ses clients / non pas “raconter des histoires” mais installer une logique cohérente de récit
le temps des promesses incantatoires / laver plus blanc, rester toujours jeune, manger sain / est révolu
nul n’est dupe sur les lessives, les crèmes de soins et les tomates vendues en toutes saisons

plus de simplicité de lecture, plus de facilité d’ouverture, plus de souplesse de transport et plus de récit crédible, conformité à la réglementation européenne reach / le designer inscrit son travail dans les projets de tracabilité, de durée de vie, de développement durable et de transmission d’informations des marques

le packaging événementiel est une prise de parole plus forte / pour ne pas être intempestive, elle doit légitimer un rapport plus juste entre produit, client et évènement

ce que le client attend, c’est un produit nécessaire et clair, et son accès le plus léger possible
l’événement peut être le commencement d’une réflexion, initiée par le designer, attendue par le client et portée par la marque: le no pack

no pack : comment permettre l’accès le plus direct, le plus simple et le plus clair du produit à son destinataire et concevoir le process qui imagine le moins possible : moins de matière, moins de transport et moins d’énergie dispersés


pack & gift, porte de versailles à paris les 03 et 04 juin /
- conférence le packaging événementiel le 03 juin à 10heures animée par jean-jacques urvoy, avec corinne brand / alcan packaging beauty, michel calibani / ulteam, catherine faucheux / mona lisa, olivier orain / oorain company et didier saco / didier saco design
- intervention le 03 juin à 11heures 30 sous la profusion des codes événementiels, combien de stratégies de marque par marina cavassilas, direction des études sémiologiques et fondatrice de semiopolis, société d’études sémiologiques