mardi 15 mars 2011

design / cradle to cradle again / didier saco


cradle to cradle, ou créer et recycler à l’infini
la formule cradle to cradle a déjà plus de vingt ans d’âge et, comme tout système évolutif, a mué et changé et sa stratégie et son vocabulaire

“du berceau à la tombe” est devenu “du berceau au berceau”, tous les concepts “fin de vie des produits”, “réduire l’impact”, empreinte négative sur l’environnement”, “déchets” sont devenus “nouveau modèle économique”, “cycles fermés”, “augmenter notre empreinte positive sur l’environnement” et , plutôt que de rechercher les coupables et les fautifs, le mouvement cradle to cradle, c2c / prononçons si - to - si /, global et humaniste, s’inscrit sur l’innovation, l’amélioration de la qualité des produits et la recherche de solutions constructives et non contraintes

non plus la réflexion de la protection de l’environnement en utilisant moins sa voiture mais en se déplacant autrement, non plus le choix d’un photocopieur dont les composants sont de bien meilleure qualité et fonctionne deux fois plus vite en consommant moins d’énergie mais dont le papier n’est pas compostable, non plus le retrait du plomb et du cadmium des postes tv sans savoir par quoi ils ont été remplacés et en “laissant” le plomb rejeté par l’union européenne dans l’essence être le seul carburant distribué aux pays africains par les pays européens

le cradle to cradle est un peu comme le bon jardinage : il ne cherche pas à “sauver” la planète mais à apprendre comment y prospérer, à quitter la critique vis-à-vis de nous-mêmes et de tous les dommages que nous créons en devenant coopératifs et, comme les jardiniers, en collaborant davantage avec la nature, en nous familiarisant avec sa logique

cela veut dire bannir la crémation des déchets pour les transformer en nutriment, quitter l’anxiogène systématique et garder le plaisir que nous procurent des objets comme les voitures ou les chaussures

la posture nous va bien, et l’on préférera toujours l’innovation à la recession, l’angle arrondi à l’angle pointu, le rouge au noir, le doux au rêche et le positif au négatif

sauf que nous sommes en manque de modèles, et que les entreprises exemplaires restent en cercle restreint / les sièges steelcase, les moquettes desso et les ramettes de papier van gansewinkel et que ce sont ces 3 seules qui passent en boucle à toutes nos réunions éco-design

le cradle to cradle génération 2 est plus facile à vendre auprès des entreprises car chacun préfère les avantages aux contraintes

il n’en reste pas moins que nombre d’entreprises ne trouvent de designers pouvant développer des éco-projets

et c’est normal
s’il est simple et facile de pouvoir décider d’imprimer uniquement avec des encres végétales qui ne contiennent pas de métaux lourds et de choisir uniquement du papier fabriqué à partir de fibres provenant de forêts gérées de manière durable et équitable il est beaucoup plus complexe d’organiser tout un cycle, allant de la conception à la distribution, d’un projet entièrement éco-conçu
la difficulté tient au temps, devant être rémunéré, d’apprentissage, de validation, de conviction er de fabrication de chacune des étapes, allant du choix de la méthode de travail / quel modèle de réunion ? / à celui des matériaux, des finitions et du transport du produit fini / quel emballage, quel transport ?

le designer ne peut pas créer seul un éco-produit, et I’entreprise qui lui demande un mobilier éco-design pour installer en pharmacies une gamme de 48 produits, référencés en 48 volumes différents avec des étiquettes en quadri et vernis se fourvoie / la recherche est collective et commune, et le partage designer/entreprise en recherches et développement requis

william mcdonough / michael braungart / cradle to cradle / alternatives / 15.00 euros
domus / monthly magazine of architecture, design, interiors, arts / 10.00 euros / toujours top