Comme chaque année, juin est le mois des jurys devant lesquels se présentent les étudiants qui ont consacré plusieurs années d’études qui se terminent par l’obtention / ou pas / d’un diplôme.
En France, ce sont 1 500 diplômes en design qui sont décernés chaque année et si les étudiants diplômés décident de plus en plus, leur diplôme obtenu, de poursuivre leurs études ou de partir hors de France pour acquérir une expérience de l’international, le diplôme obtenu est une ouverture sur le monde du travail, tout comme il est le révélateur de l’état du design par ses premiers usagers : les designers.
Le design sera, sans aucun doute, l’un des symboles manifestes du 20ème siècle, tout comme la prise en compte du design par les décideurs et les usagers en valeur déterminante et essentielle d’un produit, d’un service, d’un usage le sera du 21ème siècle.
Cette évolution, très rapide, s’est faite en une vingtaine d’années par la marge et par là où l’on ne l’attendait pas : et c’est le secteur privé, les marques du numérique, qui en ont été les accélératrices.
Internet est condamné à être simple et si son fonctionnement s’avère peu ergonomique, peu intuitif, les utilisateurs s’en désintéressent, les marques perdent leurs parts de marché et s’arrêtent.
Le design d’interaction a existé dès le début du numérique et Donald Norman a été l’un des premiers, dans les années 80, à théoriser le design des interfaces centrées sur l’utilisateur, ses intuitions et son instinct avant de travailler chez Apple et d’ouvrir le champ qui a permis de libérer les esprits et développer une certaine aptitude intellectuelle à imaginer des choses hier encore inconcevables.
Do it yourself : cette forme d’audace d’esprit a désinhibé beaucoup la créativité chez l’usager du numérique ; en manipulant Facebook, Google, Apple, il s’est approprié très vite le design et ses usages et a dégagé de multiples ouvertures au design / mobilier urbain, santé, alimentation, grande distribution, signalétique, agriculture hors-sol, services, et c’est ce que nous disent les projets des étudiants exposés les jours prochains dans leurs écoles : le design change, et le designer sait être en mesure de penser l’idée en même temps que sa mise en œuvre sur de multiples territoires.
Cinq axes majeurs se dégagent des projets présentés :
- l’empathie : apprendre à connaitre les utilisateurs et se soucier de la manière dont ils vivent pour créer des innovations qui ont du sens.
Écouter, mener une vraie conversation, préparer des questions et laisser l’échange dévier ;
- la définition : avant d’inventer une solution appropriée, savoir définir le problème.
Rassembler l’information récoltée, préciser l’enjeu, définir l’usager, spécifier un nombre limité de besoins et définir le point de vue.
- l’idée : allier l’imagination et l’analyse, le conscient et l’inconscient et mettre à contribution toutes les forces des équipes ;
- le prototype : avancer dans le concret, confronter le projet à l’usage, tester l’idée et commencer à développer les process de la solution ;
- le test : rencontrer l’usager et se remettre en situation d’empathie dans une investigation plus cadrée, chez soi, au travail, en conditions nomades.
Analyser les réactions, écouter les retours et les questions.
L’innovation des projets présentés se situe dans leur faconde, tant des sujets que de leurs développés, et si Google a la vision de vouloir transformer le monde à son image en le classifiant, les diplômés design 2015 nous présentent une toute autre histoire : celle où l’unicité, l’esthétisme et la singularité ont toute leur place, et nous apprennent mille choses.
Lisaa Architecture d’intérieur et design
Exposition des projets de fin d’études de la promotion 2015 lundi 22, mardi 23, mercredi 24 et jeudi 25 juin de 10h à 17h / vernissage vendredi 19 juin à 18h
8 square Henri Delormel Paris 14
Magali Hernandez et Marie Lafitte / promotion 2015
Concours Loire et loges
mardi 16 juin 2015
mercredi 14 janvier 2015
design / le design de la maquette / didier saco
La maquette est un outil de représentation de projets en volume qui constitue un moyen de représentation essentiel pour l’observateur qui peut choisir son angle de vision et avoir sa propre perception de l’espace.
La maquette est aussi un outil de travail pour le designer et pour l’architecte qui l’utilisent dans leur recherche de proportions, d’équilibres et de formes, quand les dessins en trois dimensions rendent compte de l’intention et de la profondeur spatiale et les plans de la longueur et de la largeur.
La maquette permet la visualisation du projet la plus convaincante pour ses auteurs qui voient, en la concevant et la construisant, les possibles et les tensions et permet aux commanditaires de mieux appréhender l’intention et la réalité.
Une maquette n’est naturellement pas toujours nécessaire pour répondre avec succès à une commande de design et d’architecture et si l’illustration peut sembler plus disante, elle reste néanmoins distante, particulièrement pour le maître d’ouvrage qui a besoin d’approches qui lui facilitent l’appropriation de son projet face à des métiers, des vocabulaires et des outils qui ne lui sont pas familiers.
Chacune et chacun d’entre nous s’en rend compte à toute exposition consacrée au design et à l’architecture où, malgré tout le talent et l’ingéniosité des documents à plat / cartels, affiches, kakemonos /, ce sont vers les maquettes que nous nous tournons pour comprendre tant la génèse et la pertinence de la création, la forme-source que son développement, dans l’espace et dans le réel.
Comme tout projet / une vie affective, un enfant, une entreprise /, le bon usage de la maquette est aussi important que sa création.
Philippe Starck, qui évite tant qu’il le peut d’aller aux présentations “des choses” qu’il produit, a pleuré devant le bâtiment Asahi Beer Hall qu’il a dessiné au Japon, tant il s’est estimé honteux et gêné, alors qu’il était satisfait du process, devant ce qu’il nomme “l’inanité de la production” et confronté à l’obligation du constat du résultat.
À quoi sert la maquette et quelle différence entre la maquette du designer et celle de l’architecte ?
La maquette de l’architecte permet d’appréhender les proportions et les espaces et d’exercer la pensée en trois dimensions, en développant une capacité d’imagination des relations spatiales et donne au maître d’ouvrage la possibilité, au vu, d’accepter, de refuser, de demander des améliorations et de lancer la production.
La maquette du designer ajoute à ces fonctions l’étude des tensions, des usages et des besoins des usagers.
Les tensions, ce sont les cohabitions des volumes, des espaces et des circulations environnants.
Les usages, ce sont les réflexions sur la couleur, sur la matière, sur la lumière et sur l’usure qui va marquer les matériaux et la modification que le temps va apporter.
Les usagers : à quelle distance placer la banque d’accueil du sas d’entrée pour favoriser l’empathie, quel emplacement choisir pour les sièges qui favorise la lecture et évite la réverbérisation des lumières, à quelle hauteur positionner le bloc-marque pour dire sans imposer tout en marquant ?
C’est cette réflexion sur le bon usage qui différencie les outils de communication des designers et ceux des architectes et rend parfois difficile pour le maître d’ouvrage la finitude du projet par le seul architecte, et idoine le montage de l’équipe architecte/designer.
L’architecte montrera, sur son site, sur ses plans, sur ses maquettes, le projet alors que le designer y montrera aussi celle et celui qui va y travailler, y dormir, y aimer et, parfois, y mourir en anticipant les scenarios d’usage, en reliant les formes et les fonctions et en utilisant les codes et les ambitions de la marque comme sources du projet.
Les deux approches sont totalement complémentaires et le maître d’ouvrage peut en passer commande auprès de deux structures qui se rapprochent et partagent leur expertise.
Il peut aussi appartenir aux architectes et aux designers d’anticiper et de construire les teams ad hoc aux bénéfices multiples, à commencer par ceux du maître d’ouvrage et du produit fini.
#innovation
Maquettes d’architecture / Alexandre Schilling Birkhäuser / 12 euros
Ailleurs, l’architecture française à l’étranger Christian de Portzamparc Cité des arts Rio de Janeiro grand prix 2014 Afex
du 29 janvier au 9 mars 15 / Cité de l’architecture et du patrimoine Paris
La maquette est aussi un outil de travail pour le designer et pour l’architecte qui l’utilisent dans leur recherche de proportions, d’équilibres et de formes, quand les dessins en trois dimensions rendent compte de l’intention et de la profondeur spatiale et les plans de la longueur et de la largeur.
La maquette permet la visualisation du projet la plus convaincante pour ses auteurs qui voient, en la concevant et la construisant, les possibles et les tensions et permet aux commanditaires de mieux appréhender l’intention et la réalité.
Une maquette n’est naturellement pas toujours nécessaire pour répondre avec succès à une commande de design et d’architecture et si l’illustration peut sembler plus disante, elle reste néanmoins distante, particulièrement pour le maître d’ouvrage qui a besoin d’approches qui lui facilitent l’appropriation de son projet face à des métiers, des vocabulaires et des outils qui ne lui sont pas familiers.
Chacune et chacun d’entre nous s’en rend compte à toute exposition consacrée au design et à l’architecture où, malgré tout le talent et l’ingéniosité des documents à plat / cartels, affiches, kakemonos /, ce sont vers les maquettes que nous nous tournons pour comprendre tant la génèse et la pertinence de la création, la forme-source que son développement, dans l’espace et dans le réel.
Comme tout projet / une vie affective, un enfant, une entreprise /, le bon usage de la maquette est aussi important que sa création.
Philippe Starck, qui évite tant qu’il le peut d’aller aux présentations “des choses” qu’il produit, a pleuré devant le bâtiment Asahi Beer Hall qu’il a dessiné au Japon, tant il s’est estimé honteux et gêné, alors qu’il était satisfait du process, devant ce qu’il nomme “l’inanité de la production” et confronté à l’obligation du constat du résultat.
À quoi sert la maquette et quelle différence entre la maquette du designer et celle de l’architecte ?
La maquette de l’architecte permet d’appréhender les proportions et les espaces et d’exercer la pensée en trois dimensions, en développant une capacité d’imagination des relations spatiales et donne au maître d’ouvrage la possibilité, au vu, d’accepter, de refuser, de demander des améliorations et de lancer la production.
La maquette du designer ajoute à ces fonctions l’étude des tensions, des usages et des besoins des usagers.
Les tensions, ce sont les cohabitions des volumes, des espaces et des circulations environnants.
Les usages, ce sont les réflexions sur la couleur, sur la matière, sur la lumière et sur l’usure qui va marquer les matériaux et la modification que le temps va apporter.
Les usagers : à quelle distance placer la banque d’accueil du sas d’entrée pour favoriser l’empathie, quel emplacement choisir pour les sièges qui favorise la lecture et évite la réverbérisation des lumières, à quelle hauteur positionner le bloc-marque pour dire sans imposer tout en marquant ?
C’est cette réflexion sur le bon usage qui différencie les outils de communication des designers et ceux des architectes et rend parfois difficile pour le maître d’ouvrage la finitude du projet par le seul architecte, et idoine le montage de l’équipe architecte/designer.
L’architecte montrera, sur son site, sur ses plans, sur ses maquettes, le projet alors que le designer y montrera aussi celle et celui qui va y travailler, y dormir, y aimer et, parfois, y mourir en anticipant les scenarios d’usage, en reliant les formes et les fonctions et en utilisant les codes et les ambitions de la marque comme sources du projet.
Les deux approches sont totalement complémentaires et le maître d’ouvrage peut en passer commande auprès de deux structures qui se rapprochent et partagent leur expertise.
Il peut aussi appartenir aux architectes et aux designers d’anticiper et de construire les teams ad hoc aux bénéfices multiples, à commencer par ceux du maître d’ouvrage et du produit fini.
#innovation
Maquettes d’architecture / Alexandre Schilling Birkhäuser / 12 euros
Ailleurs, l’architecture française à l’étranger Christian de Portzamparc Cité des arts Rio de Janeiro grand prix 2014 Afex
du 29 janvier au 9 mars 15 / Cité de l’architecture et du patrimoine Paris
mercredi 10 septembre 2014
design / le design coopératif et les guerriers cow-boys / didier saco
Patricia Urquiola marque son intérêt pour le design coopératif, tel celui exercé par le collectif Tog, et sur le changement de notre système de mode de travail / Ideat 111.
Tog / all creators together / est une plateforme collaborative de partage et de transmission de projets sur laquelle chacun peut trouver des designs de meubles en 3d créés par un collectif de designers de renom / à ce jour, Sébastien Bergne, Jonathan Bui Quang Da, Sam Hecht + Kim Colin, Ambroise Maggiar, Nicolas Repetti, Philippe Starck et Dai Sugasawa / qu’il va pouvoir personnaliser en en choisissant la couleur, la matière et en demander la production.
L’idée du coopératif est inscrit dans les gènes de tous les animaux sociaux et le soutien mutuel est reconnaissable aussi bien chez les chimpanzés qui s’épouillent les uns les autres que chez les enfants qui construisent un château de sable ou chez les hommes et les femmes qui amassent des sacs de terre pour parer à une inondation soudaine : tous coopèrent pour accomplir ce qu’ils ne peuvent pas faire seuls.
Cette tendance naturelle, innée, est pourtant moins un trait générique qu’un art, une capacité sociale et fonctionnelle qui requiert une culture et une formation pour se développer.
De l’indispensable coordination des tâches dans l’atelier du cristallier aux répétitions de l’orchestre, les expériences de communauté et d’action collective efficientes sont probantes et proposent une vision critique et stimulante des sociétés capitalistes contemporaines, tout en rencontrant deux réalités majeures qu’il convient d’analyser si nous décidons, pour sortir de l’apathie ambiante, de réapprendre à coopérer : la rémunération et le syndrome du guerrier cow-boy.
La rémunération, Patricia Urquiola l’installe vers “une économie de sharing que l’on devra maitriser”. Des créatifs, tels ceux de Tog, produisent quelque chose qui nécessite un système de rémunération auquel il convient d’ajouter celui de la personnalisation, de la communication, de la logistique et de la diffusion.
C’est le sociologue Morris Janowitz, relevé par Richard Sennett, qui désigne les soldats qui, sur le champ de bataille, veulent se couvrir de gloire, à leurs yeux, fût-ce aux dépens des autres, dans la mesure où leurs hauts faits font courir des risques aux autres comme des “ guerriers cow-boys “.
Le soldat cow-boy joue pour lui, et le psychanalyste dirait qu’il se bat dans un stade du miroir.
Le narcissique est un personnage dangereux sur le champ de bataille où, pour survivre, les soldats doivent privilégier l’entraide et, au 19ème siècle, le stratège allemand Karl von Clausewitz conseillait aux commandants de châtier les aventuriers, les “guerriers cow-boys” aussi sévèrement que les déserteurs.
Nous ne sommes pas en temps de guerre, et le design français doit aujourd’hui sa gloire à quelques designers cow-boys qui ont su faire la couverture des magazines spécialisés et susciter des vocations mais qui ont, tout en même temps et sans le vouloir, asséché un territoire composite en le réduisant à quelques têtes de gondole qui captent la grande majorité des projets design, tant les marques se réfugient auprès de quelques designers vedettes.
Néanmoins, la bataille est lancée ;
- tant la bataille pour convaincre les marques que le design coopératif est le design qui apporte des propositions plurielles, constituées d’expériences multiples, qui mixtent les éléments existants et indispensables, tels l’artisanat et le développement durable et en résonance avec les marchés, car polyphonique ;
- que celle pour développer le design coopératif qui intègre le processus de création, toutes les étapes de la production, celles de la gestion et de la communication.
Plusieurs montages de design coopératif sont possibles ; quelques uns existent déjà et nombre ne demandent qu’à se développer.
Ce peuvent être des partages de territoires sous une enseigne commune, le temps d’un salon, telles la Korea Craft et design foundation ou la Danish Arts foundation à Maison & Objet.
Ce peuvent être des partages de compétences entre création et entretien, le faire et le réparer, et la conception en amont qui intègre les 2 fonctions et donne au projet une perspective d’usage et d’usure.
Et ce peut être aussi la communauté comme vocation et comme nouveau modèle économique avec, comme premiers territoires exploratoires possibles, l’agriculture hors sol, la prise en compte de l’économie circulaire, l’essor des objets connectés, et tous les services inhérents à concevoir.
“Quand je me joue à ma chatte, qui sait si elle passe son temps de moi plus que je ne fais d’elle” s’interrogeait Montaigne, à savoir que nous ne pouvons jamais sonder la vie intime des autres, que ce soient des chats ou des êtres humains.
Le design coopératif dit que nous pouvons faire quelque chose ensemble, tout en sachant qu’un manque de compréhension mutuelle n’est pas un obstacle pour nous engager avec d’autres.
Quelques modèles de réflexion autour du coopératif
- Ensemble pour une éthique de la coopération / Richard Sennett / Albin Michel / 24 euros / l’idée et le geste
- 100% design à Londres du 17 au 20 septembre / les marques et les matières
- Dali fait le mur / Espace Dali à Paris du 11 septembre 14 au 15 mars 15 / le street art et les œuvres de Salvador Dali
Tog / all creators together / est une plateforme collaborative de partage et de transmission de projets sur laquelle chacun peut trouver des designs de meubles en 3d créés par un collectif de designers de renom / à ce jour, Sébastien Bergne, Jonathan Bui Quang Da, Sam Hecht + Kim Colin, Ambroise Maggiar, Nicolas Repetti, Philippe Starck et Dai Sugasawa / qu’il va pouvoir personnaliser en en choisissant la couleur, la matière et en demander la production.
L’idée du coopératif est inscrit dans les gènes de tous les animaux sociaux et le soutien mutuel est reconnaissable aussi bien chez les chimpanzés qui s’épouillent les uns les autres que chez les enfants qui construisent un château de sable ou chez les hommes et les femmes qui amassent des sacs de terre pour parer à une inondation soudaine : tous coopèrent pour accomplir ce qu’ils ne peuvent pas faire seuls.
Cette tendance naturelle, innée, est pourtant moins un trait générique qu’un art, une capacité sociale et fonctionnelle qui requiert une culture et une formation pour se développer.
De l’indispensable coordination des tâches dans l’atelier du cristallier aux répétitions de l’orchestre, les expériences de communauté et d’action collective efficientes sont probantes et proposent une vision critique et stimulante des sociétés capitalistes contemporaines, tout en rencontrant deux réalités majeures qu’il convient d’analyser si nous décidons, pour sortir de l’apathie ambiante, de réapprendre à coopérer : la rémunération et le syndrome du guerrier cow-boy.
La rémunération, Patricia Urquiola l’installe vers “une économie de sharing que l’on devra maitriser”. Des créatifs, tels ceux de Tog, produisent quelque chose qui nécessite un système de rémunération auquel il convient d’ajouter celui de la personnalisation, de la communication, de la logistique et de la diffusion.
C’est le sociologue Morris Janowitz, relevé par Richard Sennett, qui désigne les soldats qui, sur le champ de bataille, veulent se couvrir de gloire, à leurs yeux, fût-ce aux dépens des autres, dans la mesure où leurs hauts faits font courir des risques aux autres comme des “ guerriers cow-boys “.
Le soldat cow-boy joue pour lui, et le psychanalyste dirait qu’il se bat dans un stade du miroir.
Le narcissique est un personnage dangereux sur le champ de bataille où, pour survivre, les soldats doivent privilégier l’entraide et, au 19ème siècle, le stratège allemand Karl von Clausewitz conseillait aux commandants de châtier les aventuriers, les “guerriers cow-boys” aussi sévèrement que les déserteurs.
Nous ne sommes pas en temps de guerre, et le design français doit aujourd’hui sa gloire à quelques designers cow-boys qui ont su faire la couverture des magazines spécialisés et susciter des vocations mais qui ont, tout en même temps et sans le vouloir, asséché un territoire composite en le réduisant à quelques têtes de gondole qui captent la grande majorité des projets design, tant les marques se réfugient auprès de quelques designers vedettes.
Néanmoins, la bataille est lancée ;
- tant la bataille pour convaincre les marques que le design coopératif est le design qui apporte des propositions plurielles, constituées d’expériences multiples, qui mixtent les éléments existants et indispensables, tels l’artisanat et le développement durable et en résonance avec les marchés, car polyphonique ;
- que celle pour développer le design coopératif qui intègre le processus de création, toutes les étapes de la production, celles de la gestion et de la communication.
Plusieurs montages de design coopératif sont possibles ; quelques uns existent déjà et nombre ne demandent qu’à se développer.
Ce peuvent être des partages de territoires sous une enseigne commune, le temps d’un salon, telles la Korea Craft et design foundation ou la Danish Arts foundation à Maison & Objet.
Ce peuvent être des partages de compétences entre création et entretien, le faire et le réparer, et la conception en amont qui intègre les 2 fonctions et donne au projet une perspective d’usage et d’usure.
Et ce peut être aussi la communauté comme vocation et comme nouveau modèle économique avec, comme premiers territoires exploratoires possibles, l’agriculture hors sol, la prise en compte de l’économie circulaire, l’essor des objets connectés, et tous les services inhérents à concevoir.
“Quand je me joue à ma chatte, qui sait si elle passe son temps de moi plus que je ne fais d’elle” s’interrogeait Montaigne, à savoir que nous ne pouvons jamais sonder la vie intime des autres, que ce soient des chats ou des êtres humains.
Le design coopératif dit que nous pouvons faire quelque chose ensemble, tout en sachant qu’un manque de compréhension mutuelle n’est pas un obstacle pour nous engager avec d’autres.
Quelques modèles de réflexion autour du coopératif
- Ensemble pour une éthique de la coopération / Richard Sennett / Albin Michel / 24 euros / l’idée et le geste
- 100% design à Londres du 17 au 20 septembre / les marques et les matières
- Dali fait le mur / Espace Dali à Paris du 11 septembre 14 au 15 mars 15 / le street art et les œuvres de Salvador Dali
lundi 19 mai 2014
design l’avenir d’un rêve / didier saco
Le rêve a commencé avec les dessins rupestres des Eyzies, d’Altamira et de Lascaux, les griffonnages d’enfants, les fresques de Michel-Ange, les machines de Léonard de Vinci et les ombres dans les caves de Platon.
Aujourd’hui plus que jamais, les rêves sont incarnés et aux prises avec la réalité naturelle / grâce au numérique et aux savoirs partagés, nous pouvons “visualiser nos rêves” parce qu’ils se sont jetés sur la matière réelle et sont devenus incarnés.
Les rêves sont fabriqués industriellement et partagés collectivement et ils reviennent sur notre vie éveillée pour la modeler, nous apprendre à vivre / ou à ne pas vivre.
Nous les réassimilons, socialisés, utiles, ils deviennent “les archives de notre âme” chères à Edgar Morin et ces formes, ces images, ces histoires nous nourrissent et composent le terreau de tous nos projets.
Et le designer français est au cœur de la machine à rêves.
Le designer français est épris et façonné par la culture transmise par ses parents, par son éducation et par son environnement.
La culture française n’est pas un plus, elle n’est pas meilleure qu’une autre et exception culturelle ne dit pas supérieure à la culture allemande, italienne, grecque ou japonaise mais c’est un acquis essentiel qui inscrit notre différence lorsque nous sommes en concurrence avec des confrères venus d’autres pays.
Eiffel, Prouvé, Le Corbusier, même s’il était suisse, Fragonard, Poussin, Colette Petonnet font partie de notre histoire, de nos fondamentaux, de nos sources qui alimentent en permanence nos imaginaires et éclairent nos conceptions.
Lawrence Durrell, même s’il était indien, et son Quatuor d’Alexandrie nous accompagnent lorsque nous créons un projet en plusieurs séquences qui se font écho, tel l’aménagement du hall d’un hôpital pour 4 types d’usagers, les visiteurs, les patients, les personnels et les édiles, avec chacun ses besoins et ses usages.
Lou Reed est à nos côtés, même s’il était américain, lorsque nous concevons un projet en disrupture, telle la signalétique de tous les bâtiments municipaux de la Ville du Havre en y inscrivant en majeur non le logotype de la Ville mais l’usage du bâtiment / école, crèche, musée, stade, mairie annexe / et en privilégiant l’usager avant la marque.
Rudy Ricciotti est notre compagnon de route quand, comme lui avec le béton, nous partons de la matière / le ductal, le corian, l’acier corten, … / pour imaginer nos projets et leur futur avec l’usage, l’usager, l’usure et la poussière.
Et le polyèdre, équilibre délicat en trois dimensions et symbole de notre scénographie de l’exposition Ailleurs à la Biennale de Venise qui réunit le travail de 10 architectes français à l’étranger peut trouver sa filiation auprès de Serge Poliakoff et du polyptique formidable qu’il a conçu en 1967 composé de treize panneaux disposés en trois rangées en un équilibre parfait.
L’étudiant en design, en France et dans le monde entier, est confronté à plusieurs réels pour accéder à son rêve et exercer le métier de designer.
Les premiers réels dépendent de lui et de ses parents / de ses parents, qui investissent dans des études coûteuses pour lui permettre d’accéder à son rêve et l’accompagnent de leur pression et de leur affection pendant ses années d’études et de lui-même lorsqu’il est tenté de démarrer sa vie professionnelle alors qu’il n’a pas terminé ses études en mettant en péril sa formation, ou en souhaitant, son diplôme de designer obtenu, poursuivre d’autres études pour éviter la confrontation avec le réel et le monde du travail.
La confrontation avec d’autres réels peut faire chanceler l’avenir des rêves, tels l’économique, le social, la presse parfois et la rencontre avec la frilosité face à l’innovation, comme l’absurde décision du tribunal administratif qui vient d’annuler le permis de construire du projet de LVMH à la Samaritaine, jugeant que la façade prévue par l’agence japonaise Sanaa sur la rue de Rivoli ne s’insérait pas dans le quartier, l’un des plus tristes de Paris.
Le rêve n’est pas inné, il est construit à partir des voyages, des lectures, des réseaux et des rencontres, et celle avec Marie Laure Bourgeois et Vincent Bécheau qui développent dans leur glossaire du designer le concept du mâ, notion spatio-temporelle d’origine sino-japonaise qui définit l’intervalle qui existe ou s’instaure autour de chacune et chacun d’entre nous et crée notre environnement personnel et essentiel en est une.
Il y en a d’autres, et l’avenir du rêve repose, en grande partie, sur nos métiers / designers, architectes, urbanistes : c’est à partir du rêve que nous pouvons construire l’avenir, et le défendre à chaque projet, chaque instant et face à chaque sinistre qui réfute l’innovation est une jolie mission.
Glossaire du designer / Marie Laure Bourgeois et Vincent Bécheau / La Muette 20.00 euros
Ailleurs, architecture française dans le monde du 4 juin au 23 novembre à Venise / Italie
Aujourd’hui plus que jamais, les rêves sont incarnés et aux prises avec la réalité naturelle / grâce au numérique et aux savoirs partagés, nous pouvons “visualiser nos rêves” parce qu’ils se sont jetés sur la matière réelle et sont devenus incarnés.
Les rêves sont fabriqués industriellement et partagés collectivement et ils reviennent sur notre vie éveillée pour la modeler, nous apprendre à vivre / ou à ne pas vivre.
Nous les réassimilons, socialisés, utiles, ils deviennent “les archives de notre âme” chères à Edgar Morin et ces formes, ces images, ces histoires nous nourrissent et composent le terreau de tous nos projets.
Et le designer français est au cœur de la machine à rêves.
Le designer français est épris et façonné par la culture transmise par ses parents, par son éducation et par son environnement.
La culture française n’est pas un plus, elle n’est pas meilleure qu’une autre et exception culturelle ne dit pas supérieure à la culture allemande, italienne, grecque ou japonaise mais c’est un acquis essentiel qui inscrit notre différence lorsque nous sommes en concurrence avec des confrères venus d’autres pays.
Eiffel, Prouvé, Le Corbusier, même s’il était suisse, Fragonard, Poussin, Colette Petonnet font partie de notre histoire, de nos fondamentaux, de nos sources qui alimentent en permanence nos imaginaires et éclairent nos conceptions.
Lawrence Durrell, même s’il était indien, et son Quatuor d’Alexandrie nous accompagnent lorsque nous créons un projet en plusieurs séquences qui se font écho, tel l’aménagement du hall d’un hôpital pour 4 types d’usagers, les visiteurs, les patients, les personnels et les édiles, avec chacun ses besoins et ses usages.
Lou Reed est à nos côtés, même s’il était américain, lorsque nous concevons un projet en disrupture, telle la signalétique de tous les bâtiments municipaux de la Ville du Havre en y inscrivant en majeur non le logotype de la Ville mais l’usage du bâtiment / école, crèche, musée, stade, mairie annexe / et en privilégiant l’usager avant la marque.
Rudy Ricciotti est notre compagnon de route quand, comme lui avec le béton, nous partons de la matière / le ductal, le corian, l’acier corten, … / pour imaginer nos projets et leur futur avec l’usage, l’usager, l’usure et la poussière.
Et le polyèdre, équilibre délicat en trois dimensions et symbole de notre scénographie de l’exposition Ailleurs à la Biennale de Venise qui réunit le travail de 10 architectes français à l’étranger peut trouver sa filiation auprès de Serge Poliakoff et du polyptique formidable qu’il a conçu en 1967 composé de treize panneaux disposés en trois rangées en un équilibre parfait.
L’étudiant en design, en France et dans le monde entier, est confronté à plusieurs réels pour accéder à son rêve et exercer le métier de designer.
Les premiers réels dépendent de lui et de ses parents / de ses parents, qui investissent dans des études coûteuses pour lui permettre d’accéder à son rêve et l’accompagnent de leur pression et de leur affection pendant ses années d’études et de lui-même lorsqu’il est tenté de démarrer sa vie professionnelle alors qu’il n’a pas terminé ses études en mettant en péril sa formation, ou en souhaitant, son diplôme de designer obtenu, poursuivre d’autres études pour éviter la confrontation avec le réel et le monde du travail.
La confrontation avec d’autres réels peut faire chanceler l’avenir des rêves, tels l’économique, le social, la presse parfois et la rencontre avec la frilosité face à l’innovation, comme l’absurde décision du tribunal administratif qui vient d’annuler le permis de construire du projet de LVMH à la Samaritaine, jugeant que la façade prévue par l’agence japonaise Sanaa sur la rue de Rivoli ne s’insérait pas dans le quartier, l’un des plus tristes de Paris.
Le rêve n’est pas inné, il est construit à partir des voyages, des lectures, des réseaux et des rencontres, et celle avec Marie Laure Bourgeois et Vincent Bécheau qui développent dans leur glossaire du designer le concept du mâ, notion spatio-temporelle d’origine sino-japonaise qui définit l’intervalle qui existe ou s’instaure autour de chacune et chacun d’entre nous et crée notre environnement personnel et essentiel en est une.
Il y en a d’autres, et l’avenir du rêve repose, en grande partie, sur nos métiers / designers, architectes, urbanistes : c’est à partir du rêve que nous pouvons construire l’avenir, et le défendre à chaque projet, chaque instant et face à chaque sinistre qui réfute l’innovation est une jolie mission.
Glossaire du designer / Marie Laure Bourgeois et Vincent Bécheau / La Muette 20.00 euros
Ailleurs, architecture française dans le monde du 4 juin au 23 novembre à Venise / Italie
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