mardi 11 mars 2008

Ne dites pas à ma mère que je suis designer ... / anne-marie builles

« Ma mère a toujours éprouvé crainte et réelle fascination pour les choses indéfinissables : je la soupçonne de n’être toujours pas convaincue du « sérieux » de mon activité professionnelle….
Je lui dis d’abord ma passion pour la lumière : l’émettre, la filtrer, la recevoir, l’importance d’une situation, d’une couleur et d’un relief, le plein et le vide, l’équilibre. Je lui explique ensuite ma façon de faire : être à l’écoute, pratiquer les outils, les méthodes de conception, rêver un peu, être honnête, trouver parmi les solutions la plus élégante, c’est-à-dire la plus économe en dessin,en matière, en énergie, pour arriver à l’émotion et l’efficacité. Je finis par la rigueur, la quête de la ligne la plus juste, pour exprimer l’idée et aboutir à l’objet industriel. Je ne suis pas sûr qu’elle soit rassurée ; en tout cas, elle vient d’acheter un nouveau bouquin sur le design… »
Alain Brux / designer industriel

« J'ai un processus de pensée qui est de tirer la racine carrée, l'essence des choses, le chiffre premier, explique-t-il. Je suis donc revenu en arrière, je me suis rappelé que la vie s'est créée il y a 4 milliards d'années, qu'elle disparaîtra dans 4 autres milliards d'années ... Mais depuis le début du mythe de l'ange au mythe d'Icare , on veut voler. Et j'ai l'impression qu'on avait quelque part inscrit cette nécessité à s'échapper, car il faudra s'échapper de cette Terre... C'est avec cette idée que je me suis installé dans Virgin Galactic. Pour moi, il n'y a pas de produit, de projet qui ne s'inscrive dans la “ grande image ” : l'histoire de notre évolution. »
Philippe Starck / directeur artistique de la Virgin Galactic.

Entre phénoménologie expressive et sensible d’une pratique et le devoir de vision brandi par Philippe Starck, nous avons là deux récits qui ne contribueront pas à réconcilier les persévérants que nous sommes, qui tentons de définir de façon récurrente l’identité complexe contenue dans le mot design.
Comment leur dire ?
Comment dire à ceux qui attendent stricte définition et vérité rassurantes ? Ceux, experts, technocrates et marketeurs qui craignent cet empêcheur de penser en rond ?
Prendre le parti de la complexité, leur dire que design ne se laisse pas définir selon les critères habituellement reconnus par l’institution, qu’il se plait à brouiller les frontières et à se frotter à d’autres disciplines, à d’autres sources d’interrogations et de provocation, et que c’est justement sa chance.
Baudelaire disait « ce qui fait la modernité, c’est la confrontation à la différence »
C’est bien son rôle d’intégrateur des différences qui fait la modernité du design.
Éveilleur de goûts, formateur, sensibilisateur, visionnaire, il constitue un formidable espoir d’éducation au partage de la créativité par tous.
Et si cela commençait aujourd’hui à l’école ?

www.ensad.fr/journal/journal26/journal-26.pdf
interview de Philippe Starck
http://loiclemeur.com/france/2007/03/376_philippe_st.html

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