lundi 27 avril 2009
Moins de moi, moins de mots et plus de monde / Anne-Marie Builles
Sur ce propos qui paraphrase la parole du poète Kenneth White, pourrait se cristalliser tout un champs d’engagements à venir du designer face aux mutations environnementales qui remuent la planète.
Cette présence au monde d’aujourd’hui est manifeste dans les recherches prospectives de 11 designers présentés par la Fondation E D F dans son espace Electra sous la bannière Paris design en mutation.
Pas de design radical dans leur parti pris mais une grande qualité d’attention portée sur notre réalité, en prise directe sur les révolutions environnementale et numérique que nous sommes en train de vivre.
En phase avec les nouvelles avancées technologiques, les nouveaux matériaux et procédés de production, les nouveaux systèmes d’information, les designers réinventent une nouvelle cohérence pour rendre notre monde plus habitable et créer d’autres logiques du vivre ensemble.
Leurs recherches témoignent d’un début d’effacement des ego et d’une mobilisations des sensibilités face aux grands défis contemporains, climatiques, énergétiques, économiques et sociaux que nous allons avoir à gérer.
Cette mobilisation sera l’honneur du projet d’une profession qui peine encore à se déterminer en autonomie et à s’autoriser d’une conscience globale de son action et de son utilité : c’est là que s’exprimera au plus juste de son acception, le sens de design global.
Responsabilité
Responsabilité est le premier mot qui apparaît en exergue du film qui présente les témoignages des responsables des écoles de design et des institutions d’aide et promotion du design sur leurs perceptions et analyses de ces mutations.
Il y est question à nouveau du beau mot d’esthétique industrielle, de designers « agents de transformation », de répondre aux grands défis contemporains, de concevoir en amont des objets justes, d’associer des laboratoires de conception aux industries, de porter un regard critique sur ses pratiques, enfin de rendre compte à la collectivité.
Il n’est pas difficile de détecter dans certains propos un soupçon de désaveu sur ce qui a pu paraître à partir des années 80, comme une trahison des designers ; quand la profession eut trop tendance à s’enfermer dans une logique marketing du court terme, une logique frénétique d’adhésion d’image à la marque, à ses scénarios et ses fictions concoctés par les marketeurs et qui fut prétexte à tracer une ligne de partage indécise gagnants / perdants qui laisse encore dans les esprits des traces durables de frustation.
« Clivage entre l’objet et le discours qui le porte », excès des signes et images « pour masquer le retour du même » comme le souligne Michel Bouisson.
Au temps du marketing pourrait bien succéder le temps des designers.
Cette exposition porte une grande nouvelle, celle d’une nouvelle forme d’alliance entre le design et les recherches scientifiques et techniques et l’espoir d’une intelligibilité possible de notre modernité et d’une refondation d’une politique industrielle qui retrouvera le sens de l’humain.
Paris design en mutation
17 avril-30 août 2009
Espace Fondation EDF
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