mardi 21 juillet 2009

j’attends zorro / didier saco


d’abord, il y eut le goût du policier ces 10 dernières années ont vu fleurir et se développer sur les tables des librairies le roman policier, qu’il soit américain, italien, français ou scandinave, particulièrement prolixe et des auteurs inconnus il y a peu, tels que michael connely, henning mankell, donna leon, jo nesbo, jonathan kellerman, fred vargas, arnaldur indridason et caryl férey qui ont conquis en peu de temps une notoriété universelle
tout comme les séries policières, américaines, anglaises et allemandes qui ont su conquérir et convaincre à la fois l’attention, puis la passion des spectateurs ainsi que l’intérêt des chaines tv qui les diffusent

et ce qui relevait du confidentiel, de la série noire et du presque inavouable est devenu reconnu, établi et a très vite dépassé la case lecture de vacances pour devenir phénomène de société

puis vint le goût du fantastique
bien sûr, il y eut d’abord peter pan, tolkien et edgar poe
et, ces temps derniers et issus de la littérature tout autant, harry potter et twilight, dont les tirages et les lecteurs se calculent en milions et au niveau monde

ce désir de fantastique se retrouve dans nos logos, qui ne sont plus ronds, carrés ou rectangulaires et prennent des formes organiques, dans nos bâtiments, où le modulor a rejoint son créateur, le corbusier et dont les formes suivent les impulses de ceux qui les concoivent et dans la conception de nos scénographies qui ne se contentent pas de montrer et intègrent design sonore, interactivité et formes évolutives

cette émotion au fantastique, c’est aussi celle du monde entier quand michael jackson l’a quitté : cet artiste avait décidé seul de sa vie et l’avait transformée, en prenant tous les risques et en devenant ce qu’il voulait et non ce qu’il devait être

ce goût du fantastique, que l’on retrouve dans les annonces-presse, les expressions courantes / fantastique, une merveille, à perdre la tête, … / n’est pas qu’un phénomène de littérature pour adolescents / même s’il en était ainsi, des millions d’adolescents représentent à la fois des parts de marché conséquentes et la construction d’une culture qui va s’implanter et durer des vies entières, avec leurs referents, leurs codes et leurs valeurs

ce n’est pas non plus un simple refuge dans un monde iréel, empli de gentils vampires, de jolies sorcières et de balais volants qui s’oppose à un monde réel, dur et difficile, comme le goût du policier pourrait être interprété comme le désir d’un peu de peur, uniquement sur papier et sur écran, pour se rassurer du bien-fondé d’un quotidien ordinaire

“j’attends zorro, je suis confiant” : c’est ce qu’a déclaré christian lacroix le 7 juillet lors de son défilé haute couture qui risquait d’être le dernier, avec le départ de ses actionnaires majoritaires qui mettait en péril son activité
73% des français croient au miracle : le miracle, c’est le job obtenu grâce à un copain, c’est la fiancée rencontrée à un diner et c’est le billet de 20 euros trouvé sur le trottoir / c’est l’accident de voiture jamais arrivé et c’est l’arbre abattu par le vent et qui tombe dans le jardin du voisin et non sur le toit de la maison

le goût du fantastique, c’est la réponse saine, animale, vitale à des siècles de cartésianisme et de matérialisme et à des années de haute technologie

c’est s’autoriser à imaginer / et à participer / à un autre monde
un monde qui commence à poindre, où les limites de l’âge, de la connaissance, de l’exercice du pouvoir sont chaque jour repoussées et où chacun s’occroit le droit de se dire / ces autres mondes existent : le mien a alors aussi sa place

un monde où une chaise ne peut être réduite à sa seule fonction, un pack à être un contenant et une annonce presse une disante et où il appartient au designer d’imaginer, avec ses matériaux, ses lettres et ses couleurs les alliances de la fonction et de l’histoire

sir terry pratchett / le peuple du tapis / j’ai lu / 6.7 millions d’exemplaires monde
stephenie meyer / fascination / hachette / 18 millions d’exemplaires monde

christian lacroix / haute couture été 09

La ruée vers l’art / Anne-Marie Builles


Une frénésie du « mobile art » a saisi très récemment Hermès, Chanel et Prada par ordre d’entrée en scène.
Pour Chanel, Zaha Hadid a concu un pavillon mobile très OVNI où il a été proposé à une vingtaine d’artistes contemporains de croiser leur propre univers créatif avec les codes du célèbre sac matelassé. Pour Prada, le « Transformer » de Rem Koolhaas déplie une structure tétragonale dont la forme s’adapte aux différents types d’évènements : défilés de mode, exhibition artistique, cinémathèque et fêtes. La « H box » d’Hermès est une grosse malle cabine en aluminium et plexi, on y pénètre dans une sorte de « camera obscura » où sont projetées les œuvres de huit artistes vidéastes.

Communication ou mécénat ?
On peut simplement constater que, sur les trois propositions, la maitrise du mix marketing est parfaite, appel aux plus grandes stars de l’architecture qui n’ont pas hésité à forcer le geste sur l’objet mobile, destination,vers les plus grands musées et places des grandes villes du mondes, promotion par des évènements très, très people ; le budget n’est pas annonçé « équivalent à celui d’une grande campagne de communication » ; quant à l’identité des artistes, on s’en soucie comme d’une guigne (cerise).
Que dire de ce type d’instrumentalisation de l’art ?
Effet de griserie ou d’exhibitionisme narcissiques, si l’on osait le propos caustique que porta Bernard Lamarche Vadel sur l’engouement des années 80 vers le mouvement de la figuration libre, on pourrait comparer cette « ruée vers l’art » à celle qui s’empara de ces nouvelles classes montantes issues de la pub, des media, du cinéma, de la mode parvenues à acquérir en 20 ans tous les signes distinctifs de la réussite et du luxe matériel qu’il convient d’exhiber et qui s’avisèrent soudainement, sous la pression de l’idéologie culturelle ambiante, que l’art faisait aussi partie des valeurs « standing » dont il fallait s’équiper.
« Et chacun eu son tableau au dessus de la commode ».

Le mécénat n’est pas qu’une affaire de coups. Le temps de l’art est un temps long. Prada, Hermès, Chanel sont des marques « diablement » intelligente et , certainement par les temps qui courent, elles anticipent déjà un engagement dans un mécénat d’art plus réfléchi et plus noble.
Pierre Alexis Dumas d’Hermès déclara lors du lancement de la H Box : « Il faut favoriser l’émergence de la créativité, car le vrai danger, c’est que ce soit la loi du marché qui dicte la création ».
On ne peut pas mieux dire.

En attendant, la Fondation Cartier, fidéle à l’esprit pionnier de sa création en 94, nous invite au plaisir de retrouver dans ce petit air de campagne en plein Montparnasse, l’architecture claire et lumineuse de Jean Nouvel et la curiosité stimulante de découvrir à chaque fois l’énergie, la liberté et la vitalité d’un art qui vit dans son époque.
L’occasion en ce moment de « renouveler le regard que chacun porte sur la ville, en découvrant une forme d’art omniprésente dans nos villes : le graffiti.

« Né dans la rue, Graffiti ».
la Fondation Cartier pour l’art contemporain,
261 Bd Raspail, 75014. Jusqu’au 29 novembre.

photo : Né dans la rue, Graffiti

lundi 6 juillet 2009

correspondances / didier saco


… je me donne beaucoup de mal pour arriver à ne plus tâtonner / j’ai cinquante ans sonnés depuis 4 jours et, si, à cet âge, on cherche encore, c’est un peu vieux / enfin, je fais ce que je peux, voilà tout ce que je peux vous dire …
renoir à durand-ruel, son marchand
tamaris-sur-mer/ var, le 5 mai 1891

la correspondance échangée entre renoir et son marchand, entre 1881 et 1919, regroupe 400 lettres pendant lesquelles l’un et l’autre échangent, s’encouragent, se racontent, se stimulent, se bousculent parfois et s’accompagnent

la correspondance, c’est ce lien, qui peut s’établir à tout moment de la vie, entre esprits curieux et proches et qui cherchent /
c’est d’abord de l’écoute / comprendre l’autre, ses pourquois et ses désirs, c’est aussi du temps, celui de la réflexion sur le dire entendu et c’est de l’échange, à la fois d’expériences et de projets

c’est le projet que vient de monter bruno paillet en créant la tortue bleue, un espace de réflexion et de rencontres, basé à paris où s’échangent des points de vue, multiples et différents autour des métiers de la communication / agences, agents, marques, media, experts, sémiologues, designers, artistes et curieux

la tortue bleue rassemble, le temps d’une soirée, multes experts autour d’un thême prospectif et commun et permet la correspondance entre les idées, les intervenants, les animateurs, les participants et tous leurs projets

3 réunions ce printemps, 4 à l’automne avec la perspective, à chaque fois, de trouver la longueur d’avance

correspondance de renoir et durand-ruel / 1881 1906 / la bibliothèque des arts

www.blog-latb.fr