lundi 30 novembre 2009

concept stories / didier saco


l’aménagement des espaces, qu’ils soient commerciaux ou culturels, est l’un des plus stimulants que nous rencontrons

bien sûr, car ces projets concrétisent l’équilibre parfait entre architectes, architectes d’intérieur, designers, et aussi coloristes, graphistes, concepteurs de nouvelles matières, et tout autant sociologues et sémiologues

bien sûr aussi, car ils s’inscrivent dans le temps et sont l’un des signaux majeurs de notre évolution, en décryptant nos pulsions et nos rapports à l’acquis, au désir et à la connaissance

d’abord, ce sont les devantures des magasins et le décor des facades qui ont porté signe / puis, c’est vers 1920 que l’attention a été portée sur les vitrines, sur les affiches pour s’axer, ensuite sur les circulations, à l’intérieur des espaces et sur toutes les techniques possibles pour attirer et convaincre

et, très vite se sont ajoutés, une fois l’indispensable acquis, l’intention de doter les espaces, au-delà de leurs fonctions premières, commerciales, culturelles ou de services, d’un bénéfice d’usage, un service et un plaisir supplémentaires /
pour les marques, c’est le travail porté sur le contenu immatériel des choses, pour les services publics, c’est le projet d’humanisation et, pour les espaces culturels, c’est le projet de transmission et de passage entre plusieurs disciplines

ce sont les aquariums dans les hôpitaux, les coffee shops dans les magasins et les librairies dans les musées

et, là aussi, le temps marque et les travaux réalisés le sont “ici et maintenant” et sont des phares de notre époque, de ses besoins et des contraintes, tout comme jussieu à paris est indispensable à conserver, comme témoin de la contrainte qu’ont rencontrée les urbanistes en 1959 de construire une université en plein paris en moins de 18 mois


dépouille et services / ce sont aujourd’hui les fondamentaux des commandes actuelles et que l’on découvre à l’apple store au palais royal et à l’espace japonais uniqlo rue scribe, à paris

après les espaces oniriques, les décors tout en lumières, les circulations heroîques, les produits posés en solo et majesté, comme des œuvres d’art ou, au contraire, tout en vrac, comme en souks, les librairies conçues comme des labyrintes où la culture se mérite, le temps marque son temps, et la conception d’espaces, qu’ils soient concept stores ou scénographies d’exposition, s’inscrit dans un aujourd’hui prégnant et possible

dépouille, ce sont des espaces où le projet est majeur et où l’objet est porté / ni mérité, ni magnifié mais montré et facilité

services, ce sont tous les accès possibles et multiples mis en majeur / contacts, services, informations et facilitations multiples, à la connaissance, à la compréhension, à la pédagogie et à l’usage

dépouille et services, ce sont des scénographies qui inscrivent le thême de l’exposition dans l’histoire, autant de ceux qui l’ont vécue que de ceux qui la découvrent, des histoires que l’on imagine, que l’on raconte et que l’on transmet

concept store / olivier gerval et émilie kremer / eyrolles / 28.00 euros

lundi 23 novembre 2009

Le beau pour tous / Anne-Marie Builles


Mars 68, Pierre Viansson Ponté publiait dans le Monde un article prémonitoire : « la France s’ennuie ».
A la même époque dans cette France qui semblait apathique, deux stylistes,
femmes de passion, libres et exigeantes, Maimé Arnodin et Denise Fayolle avaient devancé le mouvement et s’apprétaient à créer leur agence « Mafia » qui, vingt ans durant, marquera les esprits de tout ce que Paris comptait alors de talents en création, mode, graphisme et design.

Les années cinquante de l’immédiate après guerre voient le début de leurs parcours individuels. Quand certains s’étonnaient que l’on puisse « vendre si laid au pays du goût », ces deux femmes d’exception tombèrent des étoiles (une centralienne et une patineuse sur glace) et surent s’affranchir avec un naturel confondant des représentations, des normes et des conventions esthétiques de leur temps.
Pour Maîmé Arnodin, l’aventure débute par « le Jardin Des Modes » et la naissance du « prêt à porter » pour des femmes qui n’avaient alors d’autres choix que le « patron » , la couturière ou la robe tablier. Pour Denise Fayolle, ce sera l’aventure Prisunic de la création pour tous.

« Ce ne sont encore que des détails : un objet de bazar dont la ligne dépouillée des bosses ou des méplats inutiles acquiert tout à coup une sorte de séduction, un vêtement bon marché qui se pare de la simplicité naguère réservée aux vêtements trop chers…On dirait que la beauté gagne du terrain».*
« Parce que nous avons les mêmes désirs, parce que c’est notre rôle de vous aider, nous avons réfléchi sur vos besoins, étudié vos projets, cherché des solutions plaisantes ».**
Destinées à se rencontrer, elles n’acceptèrent aucune concession, « toujours d’accord sur le fond et bataillant sur les détails », unies par une formidable énergie, une curiosité insatiable, le désir chevillé au corps de « changer la vie ».
Parce qu’elles croyaient en une société nouvelle, elles oseront tout.
Habitées par le désir du beau et la seule volonté de mettre à disposition de tous le meilleur de la création, elles sauront détecter et associer les meilleurs talents, aller aux quatre coins du monde pour y glaner les meilleures idées.
Leur exigence de qualité sera sans faille pour mener à bien toute la chaîne de réalisation de chaque projet, de la conception à la fabrication jusqu'à l’épreuve finale où il faut imposer le produit fini à la centrale d’achat.

Le livre que leur consacre Sophie Chapdelaine de Montvalon stupéfie par l’esprit de modernité, de cohérence et de liberté du parcours esthétique de ces deux femmes. Elles ne dictaient pas les tendances, il leur suffisait de les créer.

Rendons hommage à l’intelligence sensible de l’auteur d’avoir recueilli tant de témoignages, d’avoir restitué de façon si juste, si vivante et si graphique
le parcours esthétique de ces deux stylistes d’exception.
Miroir d’« une époque généreuse, sans égo sans exclusivité » pour toute une génération de créateurs, photographes, stylistes, graphistes qui partagèrent l’esprit « Mafia ».
Tout s’enchaîna naturellement, parce qu’il suffisait, selon Denise Fayolle, d’ajuster son comportement à ce qu’on veut défendre et « donner du style à des choses si simples ».
Maîmé Arnodin et Denise Fayolle, vraies « femmes de style », celui qui grave avec rigueur une vraie vision dans l’enchaînement harmonieux de pensées fermes qu’il faut pousser à l’extrême pour donner le meilleur.

Ce livre est nécessaire, note Terence Conran, « l’histoire de Maimé Arnodin et Denise Fayolle n’est pas un héritage, c’est un manifeste » qui prouve magistralement que «le design peut être au service des gens ».

Le beau pour tous
Maîmé Arnodin et Denise Fayolle
l’aventure de deux femmes de style

Sophie Chapdelaine de Montvallon
Edition L’iconoclaste

*Maimé Arnodin, Jardin des modes avril 1957
**Catalogue prisunic été 1963

lundi 2 novembre 2009

batimat, botte secrète / didier saco


comme les oiseaux migrateurs qui, chaque saison, traversent le monde et s’arrêtent, à chaque fois, aux mêmes endroits, pour le plus grand bonheur de ceux qui les aiment, le designer a ses étapes
là où il se ressource, là où il trouve des idées et là où il confronte ses projets à ceux du reste du monde

milan pour le salon du meuble, londres pour 100% design et batimat sont les fondamentaux et même s’il nous faut attendre tous les 2 ans pour batimat, c’est batimat notre creuset majeur

leader mondial des salons de la construction, batimat accueille tous les professionnels internationaux / maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, entrepreneurs et distributeurs autour de 7 espaces : gros œuvre, menuiserie et fermeture, finition et décoration, materiel et outillage, gestion durable des bâtiments, informatique et services

c’est là où sont présentés tout à la fois les nouvelles matières et les nouveaux usages / textiles de béton, lumière souple, céramiques changeantes, bois gonflé
destiné tout à la fois à l’aménagement de commerces, de bureaux, de locaux commerciaux et de logements

comme au théâtre, unité de temps et unité de lieu, sont réunis pendant 5 jours à la fois tous ceux qui concoivent et fabriquent la matière, source de tout, ceux qui vont la transformer, les designers et les architectes, et ceux qui vont la transmettre, sous forme de robinets, de paravent en cuir translucide, de profilés linéaires lumineux ou d’habitat full wood, en ayant su réunir le talent, l’expérience et l’expertise des uns et des autres, sous toutes les latitudes

batimat porte de versailles du 02 au 07 11 09
- matério, hall 7/3 f 80
- apci / espace dédié à l’accessibilité, hall 7/2 allée e stand 9, avec la présence de plusieurs intervenants dans la semaine, dont frédéric strubi, designer, agence design office lundi 02 de 14h à 14h30, gisèle bessac, fondatrice de la maison ouverte jeudi de 12h30 à 13h
pour connaitre le détail et les horaires des interventions : apci 01 43 45 04 50