mardi 2 novembre 2010
Design sous influence / Anne-Marie Builles
L’école d’Ulm, rive gauche du Danube, ne fonctionna que treize ans (1953-1968), son enseignement, ses méthodes de recherche et de création furent l’enjeu de discussions vives, passionnées, parfois stériles. Ce manifeste anonyme en restitue l’esprit et il est curieusement toujours d’actualité.
« Oui, dans notre société, le design doit être considéré comme un impératif social et culturel, en revanche il ne doit pas être glorifié comme une activité messianique.
Oui, il faut prendre en considération l’économie de marché ; en revanche, il ne faut pas rabaisser le design à sa valeur mercantile.
Oui, le design doit être considéré comme un outil du progrès technologique et scientifique ; en revanche, il ne doit pas être conçu comme une fin scientifique et technologique en soi.
Oui, la faculté artistique intervient dans certains domaines du design ; en revanche, le design dans son ensemble ne peut être vu comme un art de substitution.
Oui, sous certaines conditions, le design peut être considéré comme une critique de la société de consommation ; en revanche, on ne peut espérer changer la société en ne transformant que les objets dont elle se sert.
Oui, il faut qu’une conscience critique intervienne rapidement dans l’industrie des biens de consommation et de la communication ; en revanche, il ne faut pas appréhender les phénomènes de notre civilisation technicienne avec une conscience critique simplement passive et résignée. »
D’où vient que soient posés à intervalle régulier, à propos du design, les mêmes questions, les mêmes soupçons de soumission, à la pression des technologies, de l’art, du marché, de la mode, du spectacle….
Le design n’a pas à se prémunir de toute attitude critique, fut-elle défensive,
Après tout, elle marque légitimement un questionnement, une pratique, une position, stratégiquement à la croisée des influences de toutes les forces productives de la société.
Il est temps simplement d’interroger sérieusement l’autonomie d’une pratique et son ambition à devenir une discipline à part entière.
Il est temps de définir les axes et le cadre d’une recherche méthodique, investiguant tous les domaines et modes d’intervention du design, les types de liens qu’il entretient avec toutes les autres disciplines, techniques, technologiques, sciences humaines et sociales, marketing et communication.
Le moment est venu, pour la France particulièrement, de sortir d’un design sous influence, de réunir les conditions de possibilité d’une « véritable recherche en design ».
L'école D'ulm : « Textes Et Manifestes » Herbert Lindinger.Centre Pompidou
Illustration « Le combiné radio-phonographe SK4,Hans Gugelot et Dieter Rams
Produit exemplaire de l’école d’Ulm »
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