mardi 1 février 2011

des après-midi dans les PME / Anne-Marie Builles


« cette expression m’est venue à l’esprit en 1976 tandis que je tentais de faire comprendre à un ami le sentiment étrange de grande sérénité qui m’envahissait lorsque je visitais une PME (généralement une entreprise de design) la sensation de me trouver dans un lieu tranquille, retiré au fond d’une grande banlieue industrielle ou au cœur d’une campagne déserte et verdoyante.

C’étaient des après-midi sereins, la lumière du crépuscule pénétrait par les baies en aluminium anodisé, éclairant bureaux et machines, découpant de larges pans d’ombres dans des espaces bien ordonnés. J’avais l’impression quasi physique que ces lieux nés d’une révolution et qui avaient été au centre du monde deux siècles durant allaient entrer dans une ère nouvelle. Ils me semblaient qu’ils avaient muri, recouvré la paix, qu’ils étaient sortis du stress ambiant. »

L’effervescence des années 80 n’a pas eu raison de cette force tranquille enrepreneuriale italienne, de cette modernité ordonnée et radieuse que ressentait alors Andrea Branzi. Elle fut sans doute bousculée par l’effervescence de nouvelles énergies créatrices tendues vers les nouvelles logiques de productions à destination d’une société prête à consommer.
Voie royale et explosive pour le design au service d’un marché de masse pour son bien-être et son mieux-vivre.
Question de bien-être pour chacun, il fallut bien alors s’adapter aux individualités.
Le design en fut tout retourné, exit les valeurs classiques de la modernité, la ligne directrice, le modèle global, place aux segments de marché, « aux minorités provisoires, aux groupes sémantiques restreints générant un ensemble de diversités définies par des styles formels comportementaux ».

Une société bariolée et multiple, un échiquier où chacun cherche en lui- même les motifs de sa propre existence et choisit une case au gré de ses envies et des circonstances, une société « télévisuelle », si familière à la société japonaise.
Balayer tout ce champ des possibles, le design y fait merveille.
Mais c’est bien en Italie, là où il est né que le design a trouvé natuellement alliance avec l’esprit d’entreprendre de ses PME, leur goût d’innover, leur goût de l’expérience, du faire-ensemble, du faire -confiance qu’elles savent ancrer dans le lien social.

Sans doute faut-il chercher la source de leur fine perception de leur environnement dans leur type d’organisation à taille humaine, « artisanale » et familiale souvent, et leur fort ancrage territorial.

Le design italien aime ses entreprises.
Le dernier numéro d’Intramuros leur consacre un très intéressant dossier.
Est-ce que nos entreprises en France aiment « assez » le design ?

Intramuros n°152
Nouvelles de la métropole froide Andrea Branzi
Photo atelier Giovanni Sacchi

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