nous ne sommes plus des héritiers
les évolutions sociales, générationnelles et culturelles rendent le monde plus incertain et plus ouvert tout en même temps à tous les possibles, et chacun d’entre nous est amené à la production de son identité, à partir de sa culture et de son désir
nous devenons les artisans de nos existences qui s’extraient de nos histoires, de nos passés et de nos héritages, et l’individu peut se libérer du tribut au social et développer sa marge de création
et le corps est la matière première de l’existence
c’est ce que nous racontent les tatouages, les scarifications, les piercings, percements de la peau pour y ajouter un décor, les stretchings, élargissements du piercing pour des apports de décors importants, les cuttings, inscriptions géométriques sous forme de cicatrices décorées, les brandings, cicatrices en relief réalisées au fer rouge, les peelings, retraits de surfaces de peau et les implants sous-cutanés, incrustations de formes en relief sous la peau
c’est aussi une industrie / l’industrie du design corporel s’épanouit / le corps est devenu la prothèse d’un moi, en quête éternelle d’une incarnation pour sursignifier, comme avec un stabilo, sa présence au monde par crainte qu’il ne le voit pas et le body design fait florès
industrie qui peut s’avérer fatale : le nombre de cancers de la peau a été multiplié par 8 chez les jeunes femmes en 40 ans / en cause : une plus forte exposition au soleil mais aussi le recours aux cabines de bronzage / 15 500 en france, sans aucun contrôle quant à la durée de l’exposition
que nous disent les visages over-tanned, la crête délicate du footballeur mamadou sakho, les piercings et les tatouages, les corps amincis, élargis, les traits lissés, les matières ajoutées et celles supprimées ?
que nous disent celles et ceux qui veulent être re-marqués ?
le design corporel est une manière de prendre le corps, plutôt que la parole, pour dire au monde son refus d’un existant, d’un établi et affirmer sa différence
ces nouveaux usages ont renversé les anciennes valeurs négatives de violence, de douleur, de désir d’exclusion et le corps est investi comme lieu de plaisir / se faire plaisir, en tenant le récit choisi / tout en étant une prise de distance avec un monde échappé et impossible à totalement intégrer
le stéréotype du tatoué comme homme jeune, costaud, issu de milieu populaire et affichant une virilité agressive a fait son temps et, depuis 10 ans, le piercing s’est imposé comme un accessoire esthétique, autant pour les hommes que pour les femmes
c’est un travail, une intention à l’autre adressée, une ambition et c’est un projet
un travail lourd, long, qui demande parfois beaucoup d’efforts et qui rencontre, parfois, l’incompréhension face à un tel orgueil : dire non à l’établi
c’est le projet de décider son histoire, son récit et son image contre l’acquis, le temps et l’ennuyeuse logique
c’est un signe
signes d’identité / david le breton / éditions métaillié / 18.00 euros
tom sheehan, architecte, présente son travail sous forme de croquis, de traits, de cahiers d’intentions plutôt que d’ennuyeuses perspectives en 3 dimensions qui ne nous disent plus rien car trop vues et ne peuvent que rassurer ceux qui craignent et ne pas convaincre ceux qui veulent investir dans le récit et le projet
/ croquis et collaborations / la galerie d’architecture 11 rue des blancs manteaux paris 4 jusqu’au 19 05 12
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