lundi 17 mars 2008

reconnaissance mutuelle / anne-marie builles


La profession du design obtiendra très prochainement un code ape, signe de légitimation s’il en est de la part des pouvoirs publics. Pourtant, il demeure encore dans la profession un ressenti diffus de crainte de méconnaissance, attestée par l’embarras à définir et à défendre un métier dans sa globalité, comme si le résumer aboutissait forcément à le réduire.
Trois étapes définissent traditionnellement le parcours réussi d’une reconnaissance : l’identification, la reconnaissance de soi et la reconnaissance mutuelle ; nous ne sommes pas loin de toucher au but, avec un bémol il me semble, pour la dernière étape.

Identification
Une construction identitaire qui va de soi aujourd’hui par la reconnaissance d’une «Histoire du design». Une histoire riche qui repère au plus près tous les strates et les filiations du développement de la discipline : révolution industrielle, histoire de l’ornement, du haut artisanat d’art, de la rationalisation d’une production pour tous à l’utopie fonctionaliste du Bauhaus, de la synthèse d’un art créateur de modernité, d’une remise en question post industrielle, stimulée par les nouveaux matériaux et l’innovation technique jusqu’à la réhumanisation de toutes nos expérimentations de consommation pour rejoindre nos attentes de sens, d’émotion et d’imaginaire.

Reconnaissance de soi
Elle est patente dans la capacité démontrée par tous les acteurs du design à définir les spécificités, les méthodologies et les performances de leur profession, une capacité prétendue, revendiquée et attestée à répondre de leur valeurs et de leurs réussites qui ne va pas (c’est regrettable) sans complaisance à soi ou rapport polémique entre les différentes pratiques, design industriel, graphisme, architecture d’espace, stylisme
La reconnaissance de soi a besoin d’unité, une formidable occasion «à saisir» se dessine à l’horizon «la création de la cité de la mode et du design».

Reconnaissance mutuelle
C’est l’étape qui pose problème.
La conquête d’une réciprocité de partenariat entre designers et entreprises reste inachevée. Il en est pour preuve la tenue récurrente de concours non rémunérés.
Si le partenariat marketing design reste problématique, il provient sans doute d’une méconnaissance réciproque des métiers.
Toute reconnaissance mutuelle doit passer par une suspension des arrogances de part et d’autre, un vrai dialogue une curiosité mutuelle.
Au designer de réaffirmer sa légitimité, de ne plus se penser en position de prestataire mais de partenaire.
Devoir d’explication sur la spécificité d’une pratique stratégique et sensible qui ne se limite pas à une démarche de «problem solving», une pratique riche de tout un champ d’enseignements et d’argumentations sur les modes d’appropriation des objets et les modes de différenciation formelle (connaissance des matériaux, enseignements techniques comportementaux, cognitifs, perceptifs, esthétiques, symboliques, scénographiques
Tant d’informations qui sont au cœur de nos cultures, au moment où on nous rabache à satiété la quête de sens.
Le sens est déjà là, encore faut-il leur dire et l’expliquer !

Parcours de la reconnaissance / Paul Ricoeur / éditions Stock

1 commentaire:

mutuelle complementaire sante a dit…

la reconnaissance mutuelle est effectivement l'étape la plus dure à réaliser, car concernent plus de personnes.

Jeanne