mardi 13 mai 2008

E la nave va / Salon du Meuble de Milan 2008 / Anne-Marie Builles


Devant une mer de plastique rutilante sous un soleil rouge de décor studio, une passagère d’E la nave va murmure « c’est si beau, on dirait que c’est faux ».
Rutilante et brillante de talents et de maîtrise technique, cette édition 2008 du Salon de Milan fut « encore » frénétique, luxueuse avec ces quelques pointes de style un brin décadente, peu de tonalités enclines au délire poétique, en somme du sonnant et trébuchant, bien sur ses rails pour conquérir les new young money des pays émergents.

Dans cette belle effervescence où tout se veut prétexte à événement, les marques et les personnalités fashion se donnent en spectacle, show Vivian Westwood chez Molténi, Corian chez Missoni, le Sacco de Zanotta en version Haute couture,les 50 fauteuils « Egg » d'Arne Jacobsen 1958 customisés par l'artiste américain Tal R, du 18ème revisité dans les collections d’un nouveau label anglais Meta By Mallett objets rhabillés par de grands noms du design contemporain Tord Boontje et Hani Rashid,(le frère de Karim) et Matali Crasset, avec une suspension lumineuse nommée « Diamonds are a girl’s best friend », ça ne s’invente pas…..,
et encore et toujours Karim Rashid dans ses délires « papier peint ».
De temps à autre, pourtant de belles surprises « évidentes », comme l’exhumation de la magnifique collaboration entre l'architecte Gio Ponti et l'orfèvre Christofle, et la carte blanche donnée par Guzzini à des designers Japonnais.
Milan 2008 fut aussi à l’évidence un grand cru pour les designers français : les frères Bouroullec, Jouin, Massaud, Grcic et Starck, toujours au sommet de sa forme avec sa pip_e chez Driade, tous rassemblés grâce (il faut le souligner ) à une production Italienne au sommet de son art et de sa maÎtrise technique et d’une imagination toujours plus sophistiquée au service d’un travail des matières sidérant, découpe des motifs,travail et tressage des cuirs, collage de coques plastiques (Kartell chaise Eros de Starck) : du grand art.
Rien n’est impossible pour le savoir-faire Italien et le restera sans doute longtemps encore.
Il y eu aussi comme d’habitude des hommages au design historique : Mendini, Branzi, de Lucchi et quelques créations «clins d’œil très appuyés» à Jacobsen et Paulin, par Patricia Urquiolla, et cet objet surconnoté design chez Tonon qui reçut le IF Product Design Award 2007 et fait mentir le dicton qu’il arrive que l’élève surpasse le maître.
Alors, tout serait parfait dans le meilleur des mondes ? On reste cependant sur un sentiment de déjà vu, un peu lassé par un esprit d’ostentation et u surenchère qui frôle souvent le nombrilisme.

Au milieu de toute cette agitation, on a du mal à percevoir,
puisqu’il est question ici aussi de design, quelque engagement ou vision de notre monde présent et à venir, souci de
L’environnement, écoconception, design durable, ce n’est pas quelque habillage «nature & bois» qui tient lieu le plus souvent d’alibi cosmétique, ou certaines créations fabriquées en Afrique à partir de papiers et de morceaux de verre recyclés qui signeront le design de demain.

Il nous prend une folle envie de simplicité devant la chaise Basel de Jasper Morrisson chez Vitra et d’humour, comme cette armature en chataîgner destinée à récupérer les sacs plastiques pour en faire des poubelles (5.5 Designers).

Le design reste très très cher et laisse à la Chine devenue premier exportateur en 2008 meubler le tout venant.

E la nave va…….

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