lundi 13 octobre 2008

Que nous est-il permis d’espérer ? / am builles


II y a des Monday design où il nous est permis d’espérer, quand l’Europe solidaire décide d’une gouvernance économique commune, prône un retour à l’économie réelle et projette de définir de nouvelles normes comptables.

Les entreprises seront évaluées sur leurs fondamentaux ; il y a longtemps, dans nos métiers du design, que ce principe de réalité figure en lettres d’or dans tous nos cahiers des charges.
L’autre bonne nouvelle, le Nobel de littérature décerné à l’écrivain français JMG Le Clézio.

Quel rapport avec Monday Design ? Simplement, quand peu de voix s’élèvent dans la profession à propos de l’isolement des jeunes designers dans leur formation et leur difficulté d’accès à l’entreprise, l’on ne peut qu’être frappé par l’une des premières réactions de l’écrivain, un propos simple et noble qui regrette « la difficulté que les jeunes ont à se faire publier, la difficulté que quelqu'un qui pense en créole a pour traduire sa pensée en français, puis pour trouver un éditeur en-dehors de son île.
Toute la relativité du système éditorial :c'est si difficile quand on est loin des pays qui ont de l'argent, ça devrait être plus simple."

Il faut se réjouir de ce prix attribué à un homme de liberté et de sincérité dont on peut dire que rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Loin de ceux qui se veulent détachés, il décide à vingt ans que « vivre est une chose sérieuse » et part courir le monde et les déserts à la rencontre des derniers hommes libres pour nous conter de simples récits d’humanité ; regarder les hommes vivre « pour faire de chaque instant, de l’ici, du présent, du déployé sa vraie demeure ».

Une éthique de vie où prime le respect du monde, des autres et de soi. Une œuvre qui dit que « la conscience n’est pas celle des mots » mais la vie, l’infiniment humain, la somme de toutes nos expériences, « le monde où l’on vit ; un monde précis ingénieux, infini lui aussi, où chaque seconde qui passe nous apporte quelque chose nous transforme, nous fabrique ».

Présence sensuelle et vibrante aux autres, à « l’aventure d’être vivant, aux humbles détails de la vie ».
« Pas de maître à penser, rien n’est jamais résolu, pour chaque homme, l’aventure est à refaire entièrement ».

Il faut continuer à lire des romans, un très bon moyen, dit-il, pour interroger le monde actuel et se poser des questions.
Il y a en effet aujourd’hui certaines questions à se re-poser.
Jean-Marie Gustave Le Clézio / L’extase matérielle (Gallimard 1966)

Aucun commentaire: