lundi 23 février 2009

David La Chapelle / le roi est nu / anne-mairie builles


Vous ne regarderez plus un journal de mode comme avant, après avoir parcouru la rétrospective du photographe David La Chapelle à la Monnaie de Paris.
L’affiche annonce donne le ton iconoclaste de la rétrospective, un portrait de sa muse Amanda dans un style warholien hyperréaliste saturé jusqu'à l’obscénité.
Choc frontal avec un univers « pop baroque » totalement visionnaire et prémonitoire.
La factory David La Chapelle tourne depuis peu à plein régime, pour réaliser de somptueuses fresques allégoriques annonciatrices d’un monde qui court à l’apocalypse joyeuse. Chaque prise de vue déploie une machinerie de mise en scène stupéfiante, un casting de reality show, des arrêts sur image d’une prodigieuse exubérance, où rien n’est laissé au hasard.
Fou de lumière et de couleur, en photographe de mode qui ne renie rien, rompu à toutes les exaltations de l’esthétique factice, le regard de David La Chapelle nous jette de délires en délices bariolés et luxuriants où le kitsch le dispute au glamour, la pose extatique à l’emphase gothique.
David La Chapelle ne fait qu’authentifier une société de consommation ivre d’elle-même et flattée par le star system, dernier stade d’un narcissisme éperdu où l’autre n’a plus de visage.
A ce niveau de paroxysme et d’ « excess » le propos est totalement subversif mais jamais désespéré. L’exhibitionisme des corps-surfaces fait écran au vide qui nous guette mais « crie » une humanité en souffrance d’amour.
Du plus profond de l’horror vacui demeure l’espoir de remonter à la surface (Awakened).
Au premier plan de « Cathédral », un visage d’enfant énigmatique nous regarde, fantasme d’une innocence qui peut encore nous dire que le roi est nu.

David L a Chapelle à la Monnaie de Paris
11 quai de Conti Paris 6
Du 6 février au 31 mai

Photo : Cathédral, David La Chapelle 2007

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