mardi 12 mai 2009

la flèche à suivre / l’éloge du temps / didier saco


arne naess cite les frères karamazov : “aimez toutes les œuvres de la nature, l’ensemble tout entier et le moindre grain de sable
aimez la moindre feuille d’arbre, le moindre rayon de soleil, aimez les animaux, aimez les plantes, aimez la moindre chose car tout est comme un océan, tout s’écoule et se touche, on frôle un endroit et l’écho résonne à l’autre bout du monde”

arne naess est norvégien, philosophe et figure historique du mouvement de la deep ecology fondé dans les années 1970
les grands principes de sa philosophie environnementale sont les bases d’une société où les besoins et les désirs individuels s’accordent avec la reconnaissance du caractère fondamental de toute vie

un projet de vie, résumé en 2 lignes et quelques mots, qui consiste à construire un système universel à penser la nature et à agir autrement, en usant de moyens qui nous sont familiers et accessibles, tout de suite : l’écosophie

son respect de la nature remonte à une intuition de son enfance passée dans les forêts norvégiennes, et sa vie entière est édifiée sur le vivre plutôt que sur le construire

la flèche à suivre d’arne naess dépasse les technologies alternatives, les gestes et les énergies de substituiton pour installer “l’écologie profonde”, là où ce sont “les lois écologiques qui dictent la moralité humaine”

la tentation d’apporter comme réponse design un matériau, un lieu de fabrication, un espace de fin de vie du produit et un nombre réduit de couleurs est possible, et souvent dictée par le marché qui a des contraintes de temps, de linéaires à couvrir et de rentabilité à de plus en plus court terme

mais c’est insuffisant

olivier assouly dresse l’éloge du designer amateur, celui qui s’oppose aux rouages d’une économie de marché axée sur l’impératif d’écouler de la production en stimulant et en excitant la consommation, vite

le designer amateur est celui chez qui le plaisir de l’élaboration se développe dans la durée, “cultive des compétences, les transforme et, en général, entre dans une activité qui prend une forme collective, de partage”

le designer amateur est loin du design de galerie, du design opportuniste qui a plus à voir avec l’art qu’avec le design industriel

le travail du designer amateur s’implique d’abord dans l’analyse de la démarche de design, puis dans celle de l’usage, et non l‘inverse, et peut s’appliquer à toute conception, du conservateur d’épices en zones froides au columbarium modulaire et au balai universel

le passage est juste entre comment transformer l’instruction, le savoir, les connaissances et l’intuition en activités, rentables, qui se déploient dans la coherence et dans le temps

une vie suffit / la vie est longue

écologie, communauté et style de vie / arne naess / éditions dehors ms / 22.00 euros
archistorm n° 36 / avril-mai 09 / 7.20 euros

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La différence entre un bon et mauvais chasseur c'est que le mauvais chasseur tire dès qu'il voit un truc qui bouge alors que le bon chasseur quand il voit un truc qui bouge, bon il tire, mais ça n'en reste pas moins un bon chasseur...