mardi 2 mars 2010

appels d’offres, appels d’air / didier saco


choisir un fournisseur, un partenaire, un assistant, un client, un projet, une couleur, une matière, une forme, le prénom de nos enfants, l’italie ou la bretagne pour les vacances d’été : nous passons nos vies à choisir, et de tous nos choix découle toute notre vie

l’idée de l’appel d’offres est de permettre au commanditaire de recevoir des offres, déterminées par ses besoins, et de choisir, selon ses critères émis

c’est une belle idée, qui donne aux marchés un appel d’air exceptionnel puisqu’elle permet à la fois une ouverture à quiconque veut y participer et une rencontre entre partenaires qui ne se connaissent pas

grâce aux appels d’ordres et aux choix qu’ils déterminent, se créent des projets, des marchés, se développent des idées, des partages d’expériences et se nouent des liens déterminants, autant en termes économiques, sociaux et sociétaux

l’idée posée, la réalité s’avère plus mesurée
la pratique de l’appel d’offres relève, en france, encore de l’artisanat et crée l’unanimité, autant auprès des commanditaires que des candidats, qui ne recoivent souvent pas, ni les uns, ni les autres, les réponses espérées : frustation, déception et, sur la quantité, forte déperdition de temps et donc de rendement

d’abord il y a le commanditaire qui conçoit, rédige l’appel d’offres, reçoit les réponses et les analyse / c’est un métier
comme tout métier, c’est une fonction qui demande formation / savoir lire un plan, comprendre une perspective, analyser un bilan, décrypter une étude sémiologique ne peut se réduire à une comparaison de devis, et acheter du design et de l’architecture ne peut relever de la seule intuition
tout s’apprend / peut-être cet axe de formation, en écoles et en universités, demande t’il à être approfondi

puis, il y a le candidat, qui part de son métier, de la liste de ses expériences, de ses références et de ses ambitions / c’est un bon départ mais nettement insuffisant, et le projet de l’un ne peut trouver comme seule réponse l’expérience de l’autre

chacun d’entre nous a mille exemples en stock, qu’il peut raconter, badin ou en pétard, selon son humeur, d’appels d’offre annulés une fois les réponses reçues, acceptés puis perdus 2 heures plus tard après analyse plus précise, jamais répondus, qui ont tourné à l’incompréhension, à la rage du temps perdu et à la détermination de ne plus jamais y participer

à quoi servent les appels d’offres ?
pour les us, c’est clair : protéger les marchés américains et construire des défenses suffisantes pour que les marchés soient gagnés par les américains / le concorde s’est toujours confronté à un refus de développement aux états-unis, en application de normes anti-bruit
pour nous, en france, c’est clair tout autant : se protéger de nous-mêmes et de la tentation de l’entre-soi, de garder les mêmes habitudes, les mêmes méthodes de travail et les mêmes partenaires

en 2008 en france, 100 209 appels d’offres ont été recensés, dont 47% pour des marchés inférieurs à 90 000 euros /
en moyenne, chaque appel d’offres reçoit de 4 à 10 réponses et, en moyenne, chaque appel d’offres coûte, en temps passé, d’une demi-journée à une semaine, voire plusieurs pour des études conséquentes, entre 500 et 18 000 euros
soit 100 209 x 6 réponses x 3 000 euros = 1 983 762 euros, auxquels il faut ajouter le temps passé par le commanditaire pour rédiger l’appel et analyser les réponses / qui paye ?

3 000.00 euros pour une étude moyenne, à raison de 20 par an, celà équivaut à un budget de 60 000.00 euros / où les trouver pour une pme, sinon autant de formations, de matériels, de documentations, de salons, de voyages d’études et de recrutements en moins ?

la prospection pour une entreprise est indispensable, et la réponse aux appels d’offre est la principale forme de prospection, avec le réseau, des pme / et la formation l’est tout autant

la formation, c’est à la fois la communication, avant la remise des réponses, entre commanditaires et candidats et l’explication, après les résultats, du choix

l’alinea indispensable à l’appel d’offre pourrait être le dialogue obligatoire, la rencontre imposée du commanditaire et du candidat / c’est ce qui figure, d’une manière partielle, dans les appels d’offres pour les scénographies, où la visite des espaces est fortement recommandée

la rencontre, c’est l’explication de l’intention de l’un, de l’intuition de l’autre et de la confrontation des convictions, partagées et parfois opposées

la rencontre est parfois lourde, car chargée d’affects, car l’économie et l’emploi y sont liés et, là aussi, nécessite une formation à l’échange et à l’entretien, mais l’on ne peut se contenter de la déperdition actuelle de tants d’énergies, autant celles des commanditaires que celles des candidats

toute rencontre est formatrice et toute épreuve donne plus de forces pour les suivantes


le concorde, supersonique / vols commerciaux de janvier 76 à novembre 03

recensement des marchés publics 08 / ministère du budget, des finances et de l’industrie / http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/daj/oeap/recensement/recensement-marches%20publics_2008_analyse.pdf

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