lundi 8 mars 2010

la belle erreur / didier saco


jean-marie blas de roblès nous fait redécouvrir, dans sa fresque brésilienne “là où les tigres sont chez eux” qu’il a mis 10 ans à écrire, athanasius kircher

athanasius kircher, comme l’on s’en souvient, est le contemporain de galilée, de copernic et du bernin et le premier à mettre la réalité du monde au service de son imagination, et non l’inverse

curieux de tout, il trouve tout : il est le premier à déceler les taches solaires, à révéler les anneaux de saturne / vulcanologue, il descend dans le vésuve, en cours d’éruption / il conçoit les mouvements de la croûte terrestre et dresse la carte des courants marins / au microscope, il aperçoit dans le sang des victimes de la peste de 1656 ce qu’il comprend être le germe de la maladie et conçoit mille machines pour coder les messages, composer de la musique, jouer de plusieurs instruments à la fois avec des chats, rejoindre les oiseaux, …

et ses erreurs sont grandioses / son incompréhension totale des hiéroglyphes égyptiens, qu’il interprète comme des symboles et non comme des signes linguistiques, et sa dévotion qui lui fait croire aux merveilles de la nature et aux générations spontanées, comme le coq à queue de serpent, le rhinobatos, enfant de la raie et du rhinocéros, les grenouilles, conçues à partir d’un peu de poussière prélevée dans les fossés et les scorpions, en délayant de la poudre de cet insecte dans une décoction de basilic, et insufflées par le seul créateur

l’erreur fait partie de la recherche, et nombre d’entre elles confirme que le meilleur chemin n’est pas toujours la ligne droite / le voyage de christophe colomb et le choix de l’architecte / 2 homonynes / de l’opéra bastille à paris

l’erreur relève de ce territoire délicat qui frôle la certitude à laquelle il laisse le temps de s’interroger / ce temps précieux qui permet à celui qui le choisit de ne pas être tout-à-fait sûr et de prendre le risque de poursuivre, néanmoins

parfois, bien sûr, le chemin pris est une impasse, pleine de boue et il faut rebrousser et le temps est perdu / il faut alors refaire le travail, recommencer le projet, renouveller le recrutement et repartir dans une nouvelle voie

mais parfois aussi, l’erreur permet la découverte de possibles ignorés, de compétences insoupconnées et de territoires d’actions illimitées


bien sûr, aussi, il y a les funestes erreurs, celles que l’on regrette toute sa vie / les rendez-vous manqués, la tour sans fin de jean nouvel qui aurait donné un vrai projet au quartier de la défense et au débat actuel sur le grand paris une trace à poursuivre, et la destruction du café starck place des innocents à paris, merveille d’intelligence du partage de territoire architecture/design

tout comme le mono / ce fut une belle erreur que de nous apprendre un seul métier et de nous former dans l’idée de l’unique / une seule fonction, un seul nom pour toute la vie, “une seule chose à la fois”
cela nous a permis de construire et d’installer nos fondamentaux mais ce n’est plus pertinent

la belle énergie est au contraire l’hybride, la multiplicité des forces et des compétences dans le même espace, temps et lieu, comme les bâtiments livrés à présent qui ne sont plus mono-fonctionnels / le tout logement, le tout commerce ou le tout équipement public / et apportent plusieurs réponses en même temps / logements sociaux, logements de réinsertion, commerces, équipements collectifs et établissements de soin


là où les tignes sont chez eux / jean marie blas de roblès / zulma / 24.50 euros

athanasius kircher, le théâtre du monde / jocelyn godwin / imprimerie nationale / 64.00 euros

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