lundi 22 mars 2010
La politique de la peur / Anne-Marie Builles
« Ayez peur et nous nous occupons du reste »
Le propos d’Edwy Plenel dans son dernier éditorial « lignes de fuite » ne manque pas de résonance à la suite de ce qu’il faut bien appeler le cirque médiatico politique de ce dernier week-end.
Et de prendre encore la mesure de l’immense distance qui sépare les jeux de rôle de nos institutions et représentants divers et la conscience du réel d’une nouvelle condition humaine en train de s’ébaucher.
Les injonctions des « y a qu’à » et les imprécateurs des « on va à la cata », sans oublier les « questionneurs/j’ai la réponse » manifestement lassent.
Assez de politique de la peur.
Partout, de bonnes âmes pour nous annoncer que le pire nous attend, à l’instar du designer Gabriele Pezzini qui déclare tout de go dans le dernier intramuros : « la France va dans le mur en ne considérant pas le designer comme un entrepreneur ».
On pourrait s’attendre à un diagnostic plus éclairé de la part d’un designer qui fait avec talent les beaux jours d’Hermès.
Designer / entrepreneur : c’est tout le débat d’avenir de cette profession qui peine encore à ajuster et équilibrer son rapport à l’industrie et à l’entreprise.
Le designer entrepreneur, cela reste à prouver.
Si l’on suit Michel Serres dans son clair essai sur le temps des crises, « finis ces jeux à deux, l’un contre l’autre, le qui va gagner qui passionne les foules, et qui n’oppose que de humains à de l’humain, le maître contre l’esclave, la gauche contre la droite, les républicains contre les démocrates, telle idéologie contre une autre, les verts contre les bleus ».
Un tiers s’invite dans la partie : « le monde soi même ».
Cette nouvelle donne exige pour chacun de nous désormais de penser, d’agir et de vivre face au monde.
« L’air ne cesse de se polluer, la mer se vide de vie, qui défendra les poissons qui nourrissaient un pauvre sur quatre » ?
Alors, à quand ces commencements de juridictions et d’institutions au niveau mondial qui donneront la parole à la « Biogée » terre et vie, eau, air, feu, terre, vivant, « le sujet dont nous devenons aujourd’hui les objets » ?
Ce tiers-monde s’invite dans nos débats.
Nos individualismes égoïstes et combats de coqs dérisoires devront laisser la place aux questions vraies, et le nouveau triangle se nomme « Sciences-sociétés-Biogée ».
Rien n’est garant de l’avenir du monde ; contre ceux trop prompts à utiliser nos peurs, intérêts égoïstes et méfiances comme ressorts de nos organisations sociales, conjurons nos peurs (justifiées) pour agir.
Il est urgent de faire cet effort de penser l’individu humain replacé au cœur « de cette antique et nouvelle maison » le monde.
Restons maîtres de la recherche de la vérité !
« Aucune règle éthique, ne sait ni ne peut interdire, au préalable, l’exercice libre de la recherche collective du vrai.
La dominance exclusive sur nos vies de la religion de l’armée et de la politique a pris fin ; prennent le relais le savoir aux accès désormais faciles, une pédagogie accessible et la démocratie de l’accès général.
Allons, Monsieur Pezzini, après tout, l’avenir sera fait de ce que nous en ferons, ensemble designers, entreprises, pouvoirs publics, écoles, tous ensemble.
Dans le registre d’une intelligence collective plus sensible, Philippe Starck ne perd jamais son esprit d’à propos, dans son nouveau rôle de « performer de son » et nous invite depuis ce week-end au « Son du nous », à être un dans tous et tous en un.
Le temps des crises, Michel Serres Édition Manifestes ! Le pommier, 10.00 euros
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1 commentaire:
Merci Anne-Marie de cette lbre critique du Temps des Cerises remettant, si il en avait besoin, Michel Serres dans l'actualité immédiate.
al/cdm
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