lundi 15 mars 2010
le design et l’hôpital / didier saco
le design en milieu hospitalier a la même contrainte que celui destiné à tout établissement qui accueille des publics / transports en commun, grands magasins, universités / il est destiné à un très grand nombre d’usagers de passage
2 différences avec les autres établissements : la résidence et la confiance
la résidence, cela signifie que le séjour en hôpital peut varier en durée / quelques heures, une journée ou plusieurs semaines
la confiance, celà signifie que tout séjour dans un hôpital amène la confrontation avec la mort, la sienne, celle d’un proche ou d’inconnus, et que l’objectif de l’hôpital n’est pas de l’occulter mais de l’éviter et, si inéductable, de la séréniser, et de soigner
le travail de design en hôpital repose donc sur le temps et le cure / le temps, celui nécessaire aux traitements pour devenir efficients et le cure, le soin, dispensé par un ensemble de médecins, d’internes, d’infirmiers, de soignants et de personnel accompagnant qui crée un collectif capable, par la multiplicité de ses voix et de ses gestes, d’apaiser, de soigner et, parfois, de guérir
les territoires d’intervention du designer sont multiples en milieu hospitalier, autant dans les réceptions, les circulations, les mobiliers, les chambres, les rangements, les salles d’eau que les postes et les matériels de soin
la pertinence repose dans l’équilibre / face à des populations qui évoluent vite, plus âgées, plus grandes en taille et plus lourdes en masse / qui s’intègrent rapidement dans un monde où les réponses sont rapides, voire immédiates et dont les histoires sont souvent fortement auto-centrées, le rôle du designer est d’accompagner les équipes dans leur travail de relais du sentiment que l’hôpital est un espace de vie provisoire
l’équilibre, cela veut dire des couloirs qui deviennent espaces de circulation, des chambres de soin qui peuvent bénéficier d’une vue sur jardin, de placards qui peuvent accueillir plus qu’une trousse de toilette, à condition de ne pas entraver l’accès aux soins, et de télévisions qui peuvent ne pas être accrochées à 4 mètres de haut et autant de loin et éviter en même temps le torticolis à celle qui la regarde et à tout l’étage le suivi du programme tonitruant
l’équilibre, celà veut dire le confort pour tous, tout de suite, sans nécessité de mode d’emploi ou de formation à la modernité accélérée, comme le pass navigo et qui soit lavable, résistant et durable / des matières et leur mise en œuvre pérennes (certains solvants sont à éviter), retenues pour leurs qualités thermiques, acoustiques, pratiques et d’ambiance / le bois sera toujours plus chaleureux que le pvc, la peinture plus facile à laver que le revêtement mural et les sols souples, même en moquette, moins sonores que les carrelages
l’équilibre, ce sera des salles de soins “à pas comptés”, c’est-à-dire qui évitent aux soignants des pas et des fatigues inutiles en verre, pour y voir et être rassuré par la présence des soignants / ce sera aussi du non-miroir / qui a envie de se voir pendant un séjour à l’hôpital ?
ce sera aussi des lieux de rencontres, où l’on se sent bien et où la parole peut circuler plus facilement qu’en chambre et s’intégrer dans l’information et l’installation de la confiance
c’est du bien-être plutôt que du confort / l’hôpital n’est pas la maison, et le travail du designer est de tracer la voie qui incite à se sentir bien à l’hôpital, tout en suscitant l’idée que la vraie vie est dehors
et il y a les challenges pour les designers / les déambulateurs qui ressemblent encore à des potences / installez-vous dans un couloir d’hôpital et attendez celui qui va passer, une béquille à la main, un déambulateur à roulettes et angles pointus dans l’autre et attendez que son portable, dans sa poche, vibre ou sonne et la piste des étoiles commence, les salles d’attente dans lesquelles tous les mobiliers ont été récupérés depuis l’ouverture de l’hôpital et regroupés, les portes de couloirs, très faciles avec un charriot / on pousse au milieu / mais beaucoup plus difficiles sans
le design en hôpital en france en 2010 n’est pas une gageure / des exemples fleurissent / le centre hospitalier intercommunal de vesoul, la salle d’attente du service endoscopie de l’hôpital européen georges-pompidou à paris par philippe starck, la timone à marseille, raymond poincaré à garches, robert debré à paris / d’établissements qui choisissent d’investir en innovation, en temps et en confiance : le temps de l’étude et de la recherche du bien-être de tous, le temps du passage à l’hôpital
le travail n’est pas simple : il doit faciliter la vie de tous, au plus vite et au plus simple, éviter le joli et l’anecdotique pour accéder au mieux, sinon au bien / un challenge
centre hospitalier intercommunal de la haute-saône / msm signalétic
conférences télérama le dimanche 21 mars de 14h30 à 17h30 à l’exposition l’humanisation de l’hôpital / musée de l’assistance publique 47 quai de la tournelle paris 5 jusqu’au 20 juin prochain avec valérie martel, chorégraphe et directrice de la compagnie acm ballet / danser au chevet des patients, docteur françois paraire, anatomo-pathologiste / la salle des départs, création artistique d’ettore spalletti pour la chambre mortuaire de l’hôpital raymond poincaré à garches, didier saco, designer, scénographe / confortable et gai ? le design à l’hôpital et michèle dard, responsable culturelle chru lille : une commande publique exemplaire pour l’hôpital claude huriez à lille
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