mardi 6 avril 2010

L’identité, c’est la personne / Anne-Marie Builles


La nation, la région ou mon village, c’est une appartenance.
Un individu se définit par sa personnalité et non par son appartenance.
Au-delà de l’évidente contradiction qu‘il y a à juxtaposer les deux mots, l’on pourrait avancer qu’il y a une certaine confusion morale à confondre identité et appartenance. L’histoire nous a pourtant appris à quels désastres peut conduire un tel amagalme.

Nous vivons sur un territoire à multiples visages, avec des climats, des reliefs, des coutumes, des histoires et ce que l’on designe comme l’identité de chacun d’entre nous a plus à voir avec ce qui fait notre subjectivité, notre autonomie, l’affirmation de notre différence, notre histoire personnelle qu’avec une appartenance à des racines communes nationales ou locales, sauf peut-être à l’occasion de grandes fêtes footballistiques.

Le designer Joêl Desgrippes, «Vice-Président, Chief Creative Officer de Brandimage-Desgrippes & Laga» indique qu’il prend acte avec intérêt «de la prise de conscience récente de nos autorités d’affirmer notre identité française à travers les produits que nous fabriquons sur notre territoire».
Yves Jégo devrait bientôt rendre un rapport sur ce sujet.

Nous l’attendons avec impatience.
En tant que designer, Joël Desgrippes rapproche plus justement l’identité du côté de la production de sens en déclarant préférer de beaucoup le terme signifier au terme de marque.
Car c’est bien le métier de designer que de signifier les marques, leurs produits, les valeurs qu’elles soutiennent, accompagner tout au long de leur développement leur identité à multiples facettes qu’elles reformulent et adaptent en permanence en fonction de leurs intérêts présents, de leurs objectifs et des projections de scénario d’avenir.
Il n’est pas de processus identitaire fixe ou stable et l’affirmation d’une identité de marque made in France «authentique» semble moins urgente à défendre que la mobilisation de toutes les énergies créatives pour tracer une nouvelle «voie» d’ouverture et d’entreprendre, si urgente et nécessaire.
Il nous manque un projet.
Notre histoire s’épuise, et celle des marques tout autant ; essayons de transcender nos intérêts nationaux pour nous concentrer sur ce qu’il y a à faire plutôt que sur ce que nous sommes.

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