mardi 5 octobre 2010

design / maison et utopies / didier saco


l’utopie, chacun s’en souvient, a été créée par thomas morus et est une société idéale, placée dans un non-lieu imaginaire / nombre de créateurs ont travaillé le thême de l’utopie, de rabelais avec l’abbaye de thélème à campanella avec la cité du soleil et, plus proche de nous, le corbusier avec les cités radieuses

aujourd’hui, c’est toute l’idée de la maison qui est entrée en utopie /
en quelques années, le rallongement de la durée de la vie, la mondialisation, les multes vies affectives que chacun peut connaitre, le rallongement de la durée du travail et la thésaurisation sur l’immobilier ont bouleversé l’idée de la maison

l’acquisition de la maison est devenue inaccessible pour de chaque jour plus nombreux, pour des raisons économiques

en même temps, l’idée de l’individu fixé sur un espace donné et pour un temps long, celui de l’acquisition de la maison, est devenue caduque

nos corps changent, nos déplacements, voulus ou imposés, s’accélèrent et nos liens affectifs créent des groupes mouvants dans le temps, ce qui rend chaque jour plus difficile l’idée de consacrer 20 ans ou plus à acquérir un même espace, au même endroit, avec les mêmes circulations et les mêmes distributions alors que nos besoins, imaginaires, souhaités ou réels, changent, vite

la maison de l’écrivain, que l’on visite en pélerinage, en est le meilleur révélateur / en même temps que de découvrir là où colette, émile zola, victor hugo, gustave moreau et marguerite yourcenar ont véçu et créé, la configuration d’habitats qui n’ont pas plus de cent ans est aussi éloignée de nous que la grotte de lascaux

des matériaux durs et qui font mal quand on y tombe, pas d’espace pour les enfants, peu de lumière, encore moins de chauffage, des sanitaires approximatifs, des cuisines éloignées et des espaces de réception / salon, bibliothèque au cœur de la maison

qu’imaginer pour des corps de 80 ans, pour des communications par écran, pour des informations stockables et accessibles par ordinateur et pour des mondialisables ?

la télévision qui s’éteint progressivement est déjà une réponse / l’exposition mobi boom aux arts décoratifs à paris jusqu’au 02 janvier qui nous rappelle des sociétés de mobilier françaises des années 45/75 dont la plus grande partie n’existe plus en est une autre

c’est la réalité / des us qui changent en quelques années, et des marques, avec des formes, des couleurs et des matériaux qui disparaissent, faute de l’avoir compris assez vite

tout comme le rapport à l’enfant, au confort, à la mobilité, à la transmission et au respect maximal de l’environnement ont modifié notre conception de l’espace

la commode de famille a disparu / merveilles /, les formes accessibles, souples et douces pour tous les âges ont eu raison des marbres et des bronzes, et l’espace de vie, où l’on se retrouve, intra et extra, via internet, ont eu raison des salons, bibliothèques et fumoirs

est-ce le marché immobilier ou la mobilité imposée qui ont eu raison de l’appartement acquis, ou le simple ennui à l’idée de vivre, condamné pendant 20 ans, le temps d’un crédit, au même endroit ?


qu’importe / le résultat est que les plus jeunes s’écartent de l’idée de s’installer pour la vie

l’utopie est de pouvoir trouver le monde idéal, qui est plus que jamais un non-lieu, avec des non-meubles, des non-attaches, des non-objets et des vrais services, des vraies fonctions et de vrais usages / situé nulle part, le monde idéal donne toute sa place aux mondes probables, en cours et en potentiel

la maison d’émile zola à médan
exposition l’assommoir au théâtre réalisée par martine le blond-zola
ouverte tous les samedis, dimanches et jours fériés de 14h à 18h30
01 39 75 35 65

musique et utopie / bernard sève, laurent feneyrou, raphaêlle legrand et al. / 154 pages / 19.00 euros

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