lundi 11 avril 2011
design / placoplâtre, néon et adhésif / didier saco
réinstallations, c’est le titre qu’a voulu donner françois morellet à son exposition rétrospective au centre pompidou paris / les premières installations présentées remontent au début des années 1960, les plus récentes datent des années 2000 et toutes témoignent de la continuité et, tout en même temps, de la variation infinie de la démarche où la lumière du néon, le trait de crayon, l’adhésif fixé directement au mur, la poutre de bois et la branche de l’arbre sont parmi les matériaux chers à l’artiste avec lesquels il construit depuis 40 ans ses abstractions géométriques
ce travail sur le temps, c’est aussi celui que mène rem koolhaas, architecte et écrivain, en analysant ce qu’est devenu l’espace urbain et quel y est le rôle / et le pouvoir / de l’architecte et du designer :
des tours qui, au-delà d’une masse critique, ne peuvent plus être contrôlées par un seul geste architectural et deviennent de seules et simples enveloppes d’ascenseurs et de circulations,
du placoplâtre qui artificialise les intérieurs, réduit la masse, étire les dimensions et accélère la construction,
de la restauration systématique et sans discernement de tout centre-ville, même médiocre,
des aéroports qui deviennent des entités territoriales sans aucun lien avec la ville, des bureaux qui vont progressivement devenir des logements puisque, dans 5 à 10 ans, chacun d’entre nous travaillera à son domicile et qui devront être plus grands pour accueillir des réunions,
de ce que notre génération a imaginé et construit et qui dépasse toutes les générations précédentes réunies, mais sans les pyramides,
des escalators et de la climatisation devenues indispensables,
de la signalétique qui n’indique plus le plus court chemin mais vous force à faire des détours non desires
à la dictature des discours pressants des garcons de café, des goulags qui vous répondent à l’autre bout du téléphone, des instructions de sécurité dans les avions et des parfums de plus en plus prononcés, c’est le temps qui manque
le temps que françois morellet déroule depuis 40 ans avec ses matériaux récurrents et le temps qui a manqué à zaha hadid quand nous découvrons, affligés, le bâtiment qu’elle a conçu pour chanel aujourd’hui échoué, tel un cétacé décédé, devant l’institut du monde arabe à paris, dépourvu de tout lien et de toute résonnance avec la ville, ses habitants, ses visiteurs et ses énergies
le temps que gilles finchelstein consacre à son étude, “contre la dictature de l’urgence, le choix du temps long / davantage encore que de donner du temps au temps, la priorité est de donner du sens au temps”
le temps que déroule, fidèle à sa ligne, alexandre moronnoz dans la dynamique de toujours installer la qualité esthétique non fonctionnelle de tout projet comme primordiale, dynamique des formes, des couleurs, des respirations et des inspirations
la dictature de l’urgence / gilles finchelstein / fayard 16.90 euros
réinstallations / françois morellet au centre pompidou paris jusqu’au 04 07 11
alexandre moronnoz / www.moronnoz.com
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1 commentaire:
Good post! The point about 'dictature de l'urgence' reminds me of:
- the emergence of slow design
- the landmark coaching book 'time to think'by Nancy Kline.
Yann
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