mardi 25 mars 2008

le vertige des petites différences / didier saco


françois barré cite, dans sa réflexion sur l’espace public, à la fois pascal “ce que peut la vertu d’un homme ne doit pas se mesurer par ses efforts mais par son ordinaire” et nietzsche “le vertige des petites différences”

son propos souligne “l’espace public comme lieu qui appartient à tous et où tous ressentent la possibilité d’un partage de valeurs communes propres à la cité” et l’indispensable intégration du temps actuel dans l’espace public : “tenir compte des nouveaux usages et inscrire dans l’usage public les objets et les services sachant y répondre / il y avait autrefois des balances publiques, des horloges et des cabines téléphoniques / elles disparaissent au profit d’objets personnels entrés dans la sphère privée : pèse-personnes, montres, téléphones portables … et devraient être remplacés par des produits nouveaux : moyens de circulation mis à disposition / vélos-autos /, facilités de connection / wifi et par des lieux adaptés aux loisirs urbains émergents, tels des skateparks”

le temps est notre meilleur allié / le temps de trouver le bon matériau, la bonne couleur, le bon emplacement, le bon menuisier
le temps nous est nécessaire pour essayer, tester et prototyper, pour installer l’équilibre et valider, dans le temps, la pertinence de nos projets

le temps de l’usure, aussi / celui qui donne sa patine au mobilier urbain, la mousse au pied des arbres et les herbes qui poussent entre les pierres / ce temps-là est signe de l’installation de la ville dans l’espace-temps et donne crédit et valeur aux choix du temps qui passe

le temps du réassort, tout autant / donner à la ville le temps nécessaire quant au renouvellement de son mobilier urbain / luminaires, sièges, corbeilles / en suivant la ligne initiale décidée et sans en varier et éviter ces rues qui ressemblent à des catalogues de mobilier urbain avec, dans le même regard, tout un échantillonnage varié et disparate, au fil des commandes publiques, et soulignent l’incohérence de certaines villes

mais le temps peut aussi être notre pire ennemi, quand le temps nous est compté, en temps de pose, en temps de séchage, en temps de collage, en temps de transport, en jours et en nuits nécessaires pour que l’idée devienne projet qui devient, à son tour, réalité

donner du temps au temps / toujours d’actu

françois barré homme de convictions
propos recueillis par liliana albertazzi
intramuros 135 mars / avril 2008

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