lundi 19 mai 2008

pluriels / didier saco


designs / intelligences

il arrive à chacun de nous, par pulsions, le désir de vouloir changer la vie / changer l’orthographe, le vocabulaire, le code de la route, la programmation de nos chaînes de télévision ou le sommaire de nos journaux

et l’on imagine parfois des dictionnaires sans “irrémédiable”, sans “inéductable”, sans “toujours” et sans “jamais”, des codes de la route où ce n’est plus la priorité à droite qui prévale mais la priorité au plus fragile, au plus lent et au plus indécis, des émissions de télévision qui stimulent et donnent envie qu’elles ne s’arrêtent pas et des journaux uniquement avec des bonnes nouvelles, des projets et des naissances

il en est de même pour les mots, qui se retrouvent parfois avec un genre qui ne leur va pas

chacun d’entre nous a plus d’une fois sursauté, lors d’une conférence sur le design ou en lisant un éditorial, un article en découvrant une définition du design très éloignée de la sienne / selon notre formation, notre vocation, notre activité et nos projets, le mot design regroupe en effet pour chacun un réseau de pensées et d’actions personnel, en mutation constante,
et ce encore plus depuis quelques années où la mode, l’architecture et la décoration s’approchent, se rapprochent et parfois même fusent et s’abritent sous le même toit, par volonté, facilité, complaisance ou ignorance

le design devrait toujours être pluriel, comme l’intelligence

la mémoire, la culture, la sensibilité, l’écoute, la gentillesse, l’intuition, la capacité d’adaptation sont autant de composants de l’intelligence, que chacun évalue, compose et développe selon ses compétences, ses désirs ses projets et que pourtant personne ne saura évaluer, quantifier et étalonner

il en est de même du design / quel lien entre la réédition d’une chaise d’eames, un jus de tomate en éprouvette, un vélo où les deux freins sont sur la même poignée pour laisser l’autre main disponible pour signaler les changements de voies et un dirigeable en 2008 ?
à chacun de le trouver, ils sont tous labelisés design

il arrive aussi que la matière muette, l’objet soit porteur d’intelligence, vertu en principe exclusivement humaine
un packaging intelligent, c’est lorsque la marque conçoit et développe non pas un produit mais une histoire et un projet / la conception a alors pour source et pour objectif non le profit immédiat mais la connivence entre le produit, ceux qui l’ont conçu et ceux qui vont l’acquérir, l’adopter, l’adapter à leur histoire et le transmettre à leur tour

davines / cosmétiques italiens
en vente dans le monde entier

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