mardi 25 novembre 2008

Garder la main / anne-marie builles


10e Biennale de design de Saint-Etienne
un laboratoire des modes de vie de demain

La recherche en design en est encore à ses balbutiements ; la réflexion et la théorisation sur les pratiques du design sont encore lentes à se structurer.Elles sont plus avancées sur le plan
de la réception du design, ses effets sociaux et son impact économique
En revanche, pour prétendre se situer dans un véritable process de recherche, elles restent encore trop peu développées sur le plan des sciences de la conception et de l’innovation.
Des axes de recherche s’imposent et ils sont précis : nouveaux media, design d’interface, théories du projet, nouveaux espaces, nouvelles circulations, nouveaux échanges, nanotechnologies, design durable….
Une chose est de prendre la mesure de ces bouleversements à venir, une autre de mobiliser toutes les disciplines connexes à la pratique du design, anthropologie, science de l’organisation et de gestion, sciences de l’ingénieur, histoire des techniques, physiologie et psychologie cognitives neuro physiologie sensorielle, design, sémiotique et histoire de l’art………
Tout ce qui interroge notre avenir affleure tout au long du parcours d’une biennale
qui se veut le laboratoire des modes de vie de demain. Et nous propose un dédale
de propositions hétérogènes comme « autant d’alternatives et de réponses liées aux enjeux sociaux complexes et aux modes de vie en mutation. Comment penser le quotidien de l’individu et du collectif, quel sens les designers donnent-ils à leur pratique ? »
Les questions restent posées.

Rien ne nous est caché des multiples mouvements et courants qui inspirent cette prise de conscience, une design attitude qui tient souvent du paradoxe, entre engagement et détachement, inquiétude et dérision, anticipation et régression, aptitude naturelle d’adaptation et échappée vers l’imaginaire, local contre global.

Pourtant, l’avenir ne doit pas faire peur
La contribution la plus convaincante est l’exposition de Claire Fayolle : demain c’est aujourd’hui.
Une prospective qui replace les enjeux du design sur le long terme et donne sens à ce qui peut aujourd’hui mobiliser notre action et la recherche en design.
L’innovation technologique des années à venir promet de révolutionner notre quotidien autour de la convergence entre nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives.
Leurs avancées augurent un homme conduit à externaliser de plus en plus loin ses facultés. Libéré par la technique, libéré de ses gestes, de ses muscles, de la programmation de ses actes, de sa mémoire, libéré de son imagination par l’image, cet homme ne serait pas loin de rompre avec lui-même.
Or, tout l’intérêt du parti pris de « demain c’est aujourd’hui », c’est de ne jamais quitter le registre sensible de l’humain, de l’émotion, du sensoriel, de l’échange : l’influence du son sur la manipulation des objets, se parler en 3D, des émotions qui s’exprimeront à fleur de peau, les objets ultrasensibles qui changeront en fonction de notre moral…..
La médiation du design demeure, telle la vigie il garde « la main » sur le réel et prise sur un avenir, sinon incertain, parfois inquiétant.
Et c’est une bonne nouvelle !

Photos :
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