lundi 12 janvier 2009

L’esprit du lieu / anne-marie builles


La cité de la mode et du design
Ce projet enflamma un temps les esprits de la profession du design. Il se voulait un projet d'avant-garde destiné à accueillir tous les savoir-faire de la mode et du design et à incarner la "french touch", un projet qui relevait autant de l’ingénierie culturelle que d’une vitrine du dynamisme et de l’innovation française.
À ce jour, la déception est grande.
Une première menace s’est insinuée dans la dynamique du projet : l’architecture du lieu. Il s’agissait d’une reconversion d’un bâtiment ancien, les magasins généraux, une architecture d’entrepôts en béton armé, merveilleusement située en bord de seine, l’armature bétonnée fut habilement architecturée et camouflée
Mais il n’appartient pas au lieu de constituer à lui seul le projet qui l’habite.
En revanche, c’est l’articulation même du projet qui aurait permis de se réapproprier le lieu de l’intérieur et de proposer une logique de contenus permettant de qualifier les espaces, de définir des relations entre eux et d’installer une fluidité propice à l’intérêt, à l’attention et l’esprit de découverte que l’on veut susciter
Construire un projet sur les métiers du design et de la création exigeait une réflexion concertée, un questionnement qui aurait permis au fur à mesure de son élaboration d’accéder à la réalité même du projet et de créer un sentiment d’adhésion suffisamment fort pour mobiliser tous les acteurs et parties prenantes au projet.
De cette réalité tangible du projet, rien n’a vraiment filtré, l’intention s’est proclamée « d’audace » et, adoptant le bon vieil adage « big is beautiful », le lieu s’est déclaré Cité de la mode et du design, risquant une nouvelle fois de réanimer les vieilles querelles de territoires qui ont cours dans les métiers du design.
Contraintes financières obligent, il a bien fallu remplir les « cases » de l’espace.
D’un projet qui se voulait le lieu symbole du dynamisme et de l’innovation française en matière de mode et de design, on a dérivé vers un lieu d'activités culturelles, commerciales et de loisirs, le projet design s’est plié à la logique marchande du projet docks en seine.
La marchandisation de la Cité de la Mode et du Design s’est mis en marche avec les mêmes arguments et les mêmes techniques que celles qui font le succès des parcs d’attractions ou des centres commerciaux.
Attirer, distraire, faire consommer le plus grand nombre de visiteurs en usant des bonnes vieilles recettes marketing, une enveloppe attractive, un langage très médiatique et un geste architectural, une signature prestige très vendeuse : l’Institut de la Mode et, en continu, un programme de mise en spectacle du lieu « faire vivre le lieu du matin au soir », une activité nocturne importante……des produits à vendre, des boutiques des cafés, des restaurants…
Rien n’est encore perdu : aux dernières nouvelles, la défection de certains acteurs va permettre à la Mairie de Paris à revoir sa copie.
Dans le même temps un autre projet voit le jour, initié par la Région Ile de France.
« Le lieu du design », cette simple désignation finalement augure bien la démarche appropriée de conception et de mobilisation des acteurs autour d’un projet « à construire ».
« À la croisée de la création, de la conception, de l’innovation sociale et de la prospective, le design mérite d’être placé sur le devant de la scène régionale », un bon début pour l’esprit initial du projet écartant les questions inutilement rebattues : quel lieu, quelle scénographie, pour quel design ?, sur lesquelles les professionnels du design n’ont jamais réussi à se mettre d’accord.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

glissement:le titre d'un texte qui se déroute de la complaisance pour un esprit plus critique n'est pus accompagné du nom de son auteur.

LéoStandard