mardi 24 mars 2009

Take a seat / anne-marie builles


L’objet préféré des designers
Un jour, l’homme n’est plus resté debout et, depuis, la chaise est notre vie quotidienne. « Tout le monde s’y connaît en chaise » ; il n’y a pas plus prosaïque et pourtant elle fait l’objet de multiples sollicitudes, on y trône, on la prend, on la tire, on la pousse, on la tend, on l’occupe, on la réserve, on la plie, on l’empile. En majesté, elle est symbole de pouvoir, laissée vide, elle est hantée par l’angoisse fantomatique de l’absence ; plus familial, Philippe Starck y voit l’odeur du café et la maman en prime.
Mais reconnaissons qu’elle est faite pour s’asseoir et c’est là que tout commence quand il est avéré qu’on ne peut guère y rester plus de dix minutes dans la même position. Car la chaise promet toujours beaucoup plus qu’elle ne peut tenir.
Il n’existe pas de chaise parfaite. « Dire qu’une chaise est destinée au confort serait l’amoindrir, dans une chaise, l’homme n’est assis qu’à demi, il y reste à demi dressé, prêt à partir et, par conséquent, hors du besoin qu’il soulage. Les sièges confortables ne sont jamais beaux ».
Comment serions nous ravis de nous vautrer, le charme du siège est de jouer avec nos impulsions, fatigues, arrivées, départs »*.
Humaine trop humaine, Michele de Lucchi en fit la brillante démonstration avec sa « First ».
Une vie de designer ne saurait être réussie sans la réalisation de cet objet culte qui est au designer ce que le chef-d’œuvre est au compagnon.
Ludwig Mies van der Rohe déclarait lui-même qu’il était plus difficile de concevoir une chaise qu’un bâtiment tout entier. Aucun objet classique n’a subi autant de versions, n’a condensé autant de sophistication et de vituosité dans la recherche de matériaux ou la mise au point de nouveaux process industriels, preuve s’il en était que la liberté du designer ne s’exprime jamais aussi bien que dans l’exercice imposé.
Chaque étape d’innovation sur l’objet apporte matière à réfléchir autrement, idée de reprise ou de négation, détournement, remise en question de thèmes ou de matériaux déjà existants.
Elle est enfin le meilleur prétexte à commémoration des grands classiques, et personne ne s’en prive.
Il y eut la chaise Wassily de Marcel Breuer qu’il qualifiait lui-même comme son œuvre la plus extrême, l’icône parfaite du design, merveille d’ intelligence architecturale qui fait exister l’objet dans l’espace et celui qui y siège, comme en témoignent de nombreuses photos.
Il y eut la « Cantilever » oscillante de Mart Stam et enfin l’incontournable Thonet Bistrot 214, l’archétype de la chaise, tout juste revisitée par James Irvine pour Muji.
Belle aventure design d’une chaise industrielle née d’un savoir faire artisanal, conçue par un viennois réinterprétée par un anglais vivant en Italie et commercialisée aujourdhui par une firme japonaise. Qui dira que le design n’est pas universel ?
L’exposition actuelle au Musée Arts Décoratifs des 21 chaises de Jasper Morrisson rejoint cette belle évidence, histoire de matières, de savoir faire, de haute technologie, de naturel, d’imaginaire et d’émotion. On se souviendra pour la « Pipe » de la lecture du journal dans un sombre café viennois. Qui dira que le designer n’est pas un poète ?
Un lumineuse leçon de design en toute simplicité, en toute sobriété d’essence et de valeurs design.
Jasper Morrisson Musée des Arts Décoratifs Paris du 5 mars au 24 mai

*Maurice Pradines

photo : chaise First
Michele de Lucchi

1 commentaire:

Anonyme a dit…

http://voldemots.blogspot.com/ http://www.petassecapitaliste.fr/ et femme libre comme si de rien n était ;D & http://kanya.over-blog.com/ et...http://www.penelope-jolicoeur.com/page/4/, le trône, quelle merveille de sagacité. Ah y a ça, aussi :D
http://www.traou.net/blog/,copine de tarquine,grandeclasse comme d'habitude.... ah,cesblogs du pouvoirs qui lynchent lesgens qui s'expriment avec l'argent public.... allez hop,et puis ça aussi...http://plagiat.ec-lille.fr/... tiens, encore un truc de la " blogosphère "
: http://histrion.agapi.free.fr/index.php?2008/11/29/149-fde
" le processus commence par un bon bottage de fesses molles. Surmonter les faiblesses. Pousser la chair récalcitrante.
Heureusement que la musique existe en ma petite boite magique! " (sic - vol de mots, ca méritait de circuler ce genre de trucs - Il parait qu'il faut une licence créative pour voir protéger ses textes
de plagiat de dernière dame...)