mardi 2 novembre 2010

design / la marque jeune / didier saco


catherine deneuve, 66 ans, en couverture de têtu, jacques higelin, 70 ans, à musique matin, jacques séguéla, 76 ans à masse critique avec frédréric martel, patrick chéreau, 66 ans, au louvre pendant 2 mois après soulages, 89 ans au centre pompidou et jean-louis servan schreiber, 73 ans, rivalise en librairies avec son éloge de la lenteur avec la bio de patti smith, 64 ans et celle de keith richard, 67 ans

la création est-elle devenue exclusivement senior ?
les medias sont-ils devenus, comme les produits, des niches, en ne se consacrant qu’à un seul type de communication, destiné à un seul type de cible ?
ou les volets se sont-ils clos, en période d’incertitudes, à ce qui n’a pas été validé par le temps et l’expérience ?

la marque jeune, c’est le titre de l’exposition que le musée d’ethnographie de neuchâtel, le men, a installée l’été 2008, avec une approche de recherches sur la constitution et l’évolution du “phénomène jeune”.
la période s’y prêtait, avec les commémorations de mai 68 et en écho aux tentatives de diabolisation croissante d’une partie de la jeunesse

le musée a recherché les relations complexes qui s’instaurent entre la jeunesse, la contestation et la consommation et formule l’hypothèse que, loin de provoquer le chaos, la rebellion des plus jeunes contribue à dynamiser la société dans son ensemble, en soulignant l’importance paradoxale des figures de la révolte et des rites de refus, non seulement sur le plan de la consommation culturelle, dont ils sont l’un des moteurs principaux, mais aussi sur celui de la socialisation et de l’intégration sociale

pourquoi alors une aussi faible visibilité de la jeune création ?

“the social network”, le film de david fincher, en donne la réponse, en franchissant le rubicon qui sépare les media thêmés et en donnant, sur un support mainstream, une vision du nouveau monde, accessible à tous
la marque jeune a ses propres réseaux, ses produits, ses marques, ses supports et ses leaders et ne craint pas l’isolement / elle communique, écrit, échange, partage, se rassemble plus que ne l’a jamais fait aucune autre génération

l’on peut comprendre, face aux orages, sociaux et économiques qui arrivent, qu’elle se protége / 10% des jeunes sortent de l’école sans aucun diplôme, et 24% d’entre eux sont au chomâge, contre 9 de la population active
l’on peut regretter, malgré toute la tendresse qu’inspire patrice chéreau, patti smith ou catherine deneuve, que leurs paroles, leurs idées et leurs projets aient peu accès, sauf manifestations, aux media
l’on peut aussi chercher soi-même et rechercher les supports, les images, les mots, les concepts de la marque jeune

le design est exemplaire / la place accordée aux projets d’étudiants et aux jeunes designers est importante, et les manifestations qui ponctuent nos années / observeur du design, saint-étienne / sont autant de tribunes offertes, le temps de la manifestation


le design donne une autre réponse à la marque jeune, en érigant le temps comme rythme essentiel de nos métiers

l’écueil de l’assimilation design/mode a été écarté, et l’assimilation du design à de la production quick de produits éphémères et vite remplacés, disparait, grâce aux écoles, aux expositions, aux journalistes, aux marques et aux designers qui investissent sur l’usage, la fonction et sur le temps nécessaire pour valider les projets et les intuitions

comme l’architecte, le designer travaille le temps comme première matière /
c’est le temps, bien au-delà du tracé et de la maquette 3d, qui rend justes nos intentions /
c’est le temps, et l’expérience, qui cautionnent et valident l’idée /
c’est le temps tout autant qui donne accès à la notoriété / chacune et chacun a le droit de le regretter et de ne pas s’en contenter


musée d’ethnographie de neuchâtel 4 rue saint nicolas / ch-2 000 neuchâtel suisse / www.men.ch

132 5. Issey miyaké, 72 ans / véronique vasseur / veronique@issey-europe.com

1 commentaire:

LeoStandard a dit…

Nous sommes renseignés sur l'age de chacun mais rien sur l'épaisseur du temps sous la plume de mondaydesign.
Leo Standard _ 60 ans