lundi 9 mai 2011

design / fiat lux / didier saco


la purée est toujours meilleure chez les copains / c’est ce que nous disent toujours les enfants / et l’herbe est toujours plus verte chez le voisin

c’est ce que nous ressentons chaque année à chaque retour de milan / salon du meuble au printemps / à la fois fascinés par l’usage et l’approche simple et familère du design de nos camarades transalpins, et déconcertés par l’approche plus rétive, expectative et segmentée des industriels français

bien sûr, chacun d’entre nous se garde de pêcher par excès d’angélisme, et si chaque stand, chaque mobilier, chaque scénographie, chaque signalétique, chaque flyer à milan nous indiquent, nous rappellent, nous forment / et nous stimulent / que c’est en italie que le design trouve sa place originelle, que c’est en italie qu’il existe plein de petites structures “prêtes à”, familiales le plus souvent, ouvertes à l’expérimentation, où l’on peut travailler, chercher, y faire des choses, rapidement, directement, avec une relation personnelle entre le designer et l’entreprise, cela tient, à la source, à la structure économique italienne, décentralisée en régions autonomes mais cela a un coût, celui du temps passé qui, face aux pièces produites en petites quantités, ne permet qu’à peu de designers de pouvoir en vivre, sinon par la multiplicité des projets

bien sûr, tout cela n’est que du meuble, des objets sur lesquels l’on travaille, l’on attend, l’on dine, l’on dort, l’on aime et l’on meurt, et le design est multiple et matière vivante / design services, design sonore, design culinaire et, le dernier-né, design motion


konstantin gric revendique la production de masse qui gomme les différences, les spécificités, les particularismes, les niches et les séries limitées /
“il faut s’accrocher, faire preuve d’endurance / changer les choses de l’intérieur y reste possible / le monde de l’industrie est très frustant mais il ne cesse d’être un environnement créatif où je peux espérer engendrer des changements / en travaillant avec une structure industrielle, même petite, je peux comprendre de quelle manière elle emploie ses ressources, rencontrer celles et ceux qui font et comment / nous devons connaitre le cycle de ces industries / pourquoi certains produits sont-ils imaginés en italie, fabriqués en chine puis vendus en italie ? il faut changer de modèle et, plutôt que dire : tout est faux, mieux comprendre les mécanismes de l’industrie et les politiques qui en découlent”

et chacun se souvient de l’exposition à londres l’an dernier, design real, à la serpentine gallery dont konstantin gric était le commissaire, hommage au design industriel commercial et aux projets à grande diffusion, variés, multiples, en écho, sinon en réponse au glissement de la perception du design vers les terrains de l’art, des galeries, des collections, de l’exclusif et des pièces à tirage très limité

design industriel revival ? avons-nous le choix ?

ce sont les marchés économiques qui nous répondent / face à la désindustrialisation qui s’accélère / 300 000 emplois industriels perdus en ile-de-france depuis 1993, 10% d’emplois détruits dans l’imprimerie de 2000 à 2005, puis 10% de nouveau entre 2007 et 2009 et 30% dans l’industrie pharmaceutique de 2000 à 2010, la lumière vient de l’innovation, et le design est sollicité à la source

comment retirer de la matière fonte sur des modèles de roues existants, comment développer une gamme à partir d’un produit fondamental, comment réduire les cycles de transport, comment augmenter le sentiment de confort, de sécurité, de bien-être et de confiance ?
la réponse relève du design gobal et, plutôt que de s’attacher à une approche par branche, centrée, schématiquement, sur les matériaux / le bois, l’acier, le verre / et les métiers / la métallurgie, l’horlogerie /, s’élargir à une approche plus transversale qui est celle de l’usager, davantage centrée sur les produits / les systèmes électroniques, les éco-activités, les mobiliers d’accueil en milieu hospitalier, la signalétique et les flux de populations multiples en cités

entretien avec konstantin grcic / pierre doze / archibooks + sautereau éditeur / 12.90 euros

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