mardi 14 juin 2011

design et medias / l’empathie généreuse / didier saco


“il faut être très gentil avec les gens qui sont malades” : c’est ce que déclarait marcello mastroanni dans un reportage sur la collecte de fonds pour lutter contre les maladies infectueuses et c’est sans doute la posture la plus efficiente que nous pouvons avoir vis-à-vis des medias

non pas que la presse soit souffrante, mais la méconnaissante de nos métiers par les medias est parfois abyssale / c’est ce qui ressort de l’article paru dans le monde récemment à propos de l’appel à projets sur le mobilier urbain intelligent lancé par la mairie de paris et paris région lab et titré par le journaliste : le design fait le trottoir

sans doute n’avons-nous pas pris le temps du dire, et sans doute nous appartient-il de le prendre, de mieux expliquer nos métiers et d’en convaincre les medias

c’est la méthode que brigitte borja a conçue au design management institute à boston, en recevant systématiquement la presse, journaliste par journaliste autour d’un café et en compagnie de designers, pour développer les enjeux, les méthodes et les outils du design


le journaliste est, de par nature, un individualiste qui doit gérer au minimum 50 informations confidentielles par semaine et le designer, par obligation, un collectif qui travaille sur des projets design qui durent entre 6 mois et 2 ans / nos rythmes diffèrent

le journaliste est dans le récit, le designer est dans le regard et nous sommes tous deux dans l’histoire / nos objectifs nous regroupent


pour y arriver, plusieurs étapes indispensables :
la première, effacer
effacer tout ce que serge halimi nous a appris à propos des nouveaux chiens de garde, ainsi dénommés ceux qui seraient dominés par un journalisme de référence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence où se multiplieraient les informations oubliées, les intervenants permanents, les affrontements factices et les services réciproques qui imposent l’information-marchandise à une profession fragilisée par la crainte du chômage et du numérique

la seconde, savoir expliquer
les matières, les formes, la culture et les écoles / les contrats, les droits de reproduction et les royalties / les liens / et les non-liens / avec la mode, la décoration, l’industrie et l’architecture, et les impacts économiques du design sur le dévelopement de l’entreprise qui sait en faire bon usage

la troisième, ne pas vouloir gérer l’émotion
préférer l’émotion à l’information est l’un des reproches récurrents adressés aux media / tout comme une fermeture d’usine ne peut se résumer à un nombre de personnes licenciées mais aussi par les larmes de celles et ceux qui se retrouvent sans emploi, un fauteuil ne peut se réduire à des cotes, un prix et une garantie sur 3 ans mais et surtout à sa forme, son tissu et aux émotions qu’il suscite : l’émotion est le moteur majeur de tout ce que nous entreprenons

notre métier a besoin des medias, et la vanité peut nous amener à croire que les medias ont aussi besoin de nous, porteurs d’innovation / à nous, designers de faire les 2 premiers pas

jean-noêl kapferer nous a appris des rumeurs et cite l’exemple célèbre de procter et gamble, l’une des plus importantes entreprises américaines de produits de grande consommation qui reçoit depuis 1981 plusieurs milliers d’appels téléphoniques et maintenant de mails par mois de consommateurs inquiets de la rumeur selon laquelle le symbole visuel de la société, un visage humain contemplant une myriade d’étoiles, cache en fait de nombres signes sataniques car la société verserait 10% de ses bénéfices à une société satanique / en décidant le silence comme réponse, procter et gamble a donné prise à la rumeur

il nous appartient de designer nos rapports avec les medias, tout comme nous “designons” nos entretiens et nos présentations, pour expliquer nos métiers, développer ses futurs et éviter toute rumeur, à-priori et raccourci : non, le design ne fait pas le trottoir

la méthode de l’empathie généreuse est sans doute la meilleure voie / elle a le mérite d’être congruente, plaisante et satisfaisante pour chacun


serge halimi / les nouveaux chiens de garde / liber raisons d’agir / 5.80 euros

petit poucet / éclairage urbain économe et intuitif qui se déclenche aux pas des badauds / appel à projets le mobilier urbain intelligent lancé par la ville de paris et paris région lab et installé à paris à la rentrée

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