lundi 5 décembre 2011

design / le sens de la ville / didier saco


c’était en 1889 / la transformation de vienne / autriche / dont l’empereur françois-joseph a fait abattre les remparts sur l’emplacement desquels est créé un vaste boulevard périphérique, le ring

au-delà du cas particulier de vienne cher à son cœur de viennois, camillo sitte, architecte et historien d’art / 1843 1903 / s’interroge sur le destin de la ville européenne, sur la perte de ses anciennes limites, sur son changement d’échelle, sur les changements de mode de vie, sur les nouveaux modes de production de l’espace urbain et sur la dimension / ou son absence / esthétique de l’urbanisme

pourquoi la laideur de l’environnement urbain contemporain, pourquoi la place, qui était au centre de la ville, forum ou place du marché pour accueillir de grandes fêtes populaires, n’a plus d’autre fonction que procurer davantage d’air et de lumière et rompre la monotonie des bâtiments, pourquoi oublier aristote pour qui tous les principes de l’art de construire la ville se résument dans le fait qu’une cité doit offrir à la fois la sécurité et le bonheur, s’interroge camillo sitto

la démarche de camillo sitte est de vouloir construire l’urbanisme selon des fondements artistiques et s’inscrit en parallèle avec celle de viollet-le-duc qui cherche lui aussi des règles pour guider l’usage des matériaux nouveaux de l’ère industrielle vers des formes accordées aux exigences d’une société nouvelle, tout en étant cohérentes avec la vie et l’énergie de la cité

même si le corbusier le traite de champion du chemin des ânes, c’est-à-dire de la ligne courbe que notre modernité condamnerait à l’obsolescence, c’est bien grâce à sitte, une fois passé le mouvement moderne, qu’à partir de 1960, s’installe le retour de la ville préindustrielle, appuyé sur le nouveau statut accordé à tous les patrimoines historiques, et celui du beau et du sens

le designer a sa place, aux côtés de l’architecte et de l’urbaniste, pour construire la ville nouvelle dont la population croît chaque jour / plus de la moitié de la population mondiale est urbaine / et dont les aspirations, les désirs et les besoins sont multiples et demandent des réponses qui le sont tout autant

la solution, la réponse, le chemin et la voie unique n’existent plus et aucun architecte, aucun urbaniste ne peut plus concevoir un système mono-urbanistique, qu’il relève du logement, du social, du commercial ou du service sans intégrer ce qui relève du sensible, du pourquoi avant le comment et du temps, son empreinte et son rythme

c’est le rôle du designer que de savoir rendre éphémère un espace d’accueil destiné à des populations qui ne vont pouvoir y résider que quelques temps avant que d’être reconduites vers d’autres ailleurs, savoir dialoguer avec des habitants d’un quartier en travaux qui engendrent, le temps du chantier, multes nuisances, savoir installer l’idée d’un marché dans un espace nouveau, savoir signaler un espace dédié aux artisans d’art localisé entre une gare et un opéra

la micro-architecture est une réponse idoine pour les designers et les architectes pour apporter un accompagnement stratégique à la circulation et à la mutation nécessaire des petits espaces et à leur évolution, selon leur temps, leur fonction et leur durée de vie

et le monumental tout autant / la canopée, projet des architectes patrick berger et jacques anziutti pour couvrir le futur forum des halles à paris, sera un succès si elle est appuyée sur un système signalétique tout autant radical que pertinent, face aux milliers de personnes de tous pays et de toutes sensibilités qui en seront les usagers quotidiens, tout comme la réussite du centre pompidou l’a été grâce au travail de création signalétique, à l’époque conçu par ruedi baur

la seule nécessité est de percer le plafond de verre et d’éviter la régulation qui est trop souvent une forme d’incompréhension culturelle de la réalité /
le rythme de nos vies est plus rapide que celui de l’évolution du bâti, tout comme nos usages de transport évoluent plus vite que les trains qui nécessitent 14 ans pour pouvoir évoluer, et il revient au designer d’accompagner la cité nouvelle / circulations, signalétique, mobilier urbain / en adaptant nos modes de vie à la ville, et non l’inverse

camillo sitte / l’art de bâtir les villes / l’urbanisme selon ses fondements artistiques / points essais 6.50 euros

agglomération d’évry / rénovation urbaine / programme de signalétique / mise en place printemps 12

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