que nous a dit l’exposition “ma cantine en ville” présentée au via à paris du 10 octobre au 18 novembre dernier, en nous présentant un panorama mondial des pratiques actuelles liées à la restauration de rue, de new york à hanoï, de berlin à antananarivo, de la paz à bamako, de londres à bordeaux et de moscou à la havane ?
au-delà des solutions proposées pour la restauration dans la rue / le transport, l’installation sur l’espace public / la rue, le trottoir, le parking, le jardin public /, la protection contre la pluie, le vent et le soleil, la cuisson, pour la présentation et la consommation sur place, le développement au niveau mondial de ce mode d’alimentation nous signale, au-delà du désir d’affranchissement de certains individus vis-à-vis de la distribution traditionnelle / restaurants /, le développement de la précarité
la précarité de celles et ceux, le plus grand nombre, qui n’ont d’autres solutions alimentaires que la cuisine de rue
il n’y a pas de produits sans marché, et le développement de l’alimentation de rue répond à deux besoins
d’abord, le besoin, simple, cohérent et en écho à nos habitudes de vie qui se modifient par le numérique, en faisant fondre les frontières de l’espace de travail, en accroissant notre mobilité et en intégrant notre alimentation en mode nomade, au rythme de nos déplacements et non plus résidentielle / à la maison, à la cantine, au restaurant
mais surtout le besoin, plus dramatique, d’offrir une réponse à l’ampleur croissante de la précarité économique des habitants des villes
le développement de l’alimentation de rue dit, au-delà du transport, de la transformation, de la distribution et de la consommation de nourriture dans l’espace public, une population croissante qui a besoin de se nourrir et ne peut le faire en d’autres conditions que précaires
celà veut dire, pour le plus grand nombre, une absence de structures résidentielles / accès à l’eau, accès à l’énergie électrique ou au gaz et à des espaces de consommation permanents
cela veut dire aussi une absence de moyens permettant, le plus souvent, de bénéficier d’une alimentation plus complète
cela veut dire tout autant une absence de cultures, celle de la cuisine, celle du temps de la préparation et celle du partage et une absence de confort et de sécurité
et celà veut dire que l’espace public devient l’espace ultime de la résidence, là où sont de plus en plus nombreux, dans le monde, celles et ceux qui s’y nourrissent, y dorment, y satisfont leurs besoins naturels et y vivent
la réflexion sur le renouvellement de la pensée de la résidence en métropoles est essentielle, et le designer, dans l’usage, dans la circulation et dans la transformation des espaces urbains est leader quand l’architecte renouvelle la pensée de l’habitation
“pour habiter, on a besoin d’un lieu intime / la relation du monde à l’intime est une nécessité / en atteste le fait que les sans-logis ne peuvent s’approprier le monde puisqu’ils ne peuvent pas le considérer depuis le lieu de l’intime” pour édith girard, architecte
le designer use de l’usage / usage partagé, usage segmenté, usage transformé / quel usage du rez-de-chaussée qui devient hostile à la rue, engoncé dans ses murs, bordé d’un espace public saturé de bruit, de bitume et d’écriture routière saturée ?
quel usage des parkings abandonnés face à la réduction de l’usage de l’automobile en centre ville au profit des transports en commun ?
quel usage des bâtiments publics à vocation ponctuelle et saisonnière / les marchés, les écoles, les universités, les cantines ?
quand l’architecte conçoit le bâtiment, le designer peut en concevoir l’évolution de l’usage et son adaptation aux populations de passage et aux précarités, tout en espérant s’y inscrire dans le provisoire
design et précarités, c’est avant tout l’attention extrême portée en métropoles à toutes celles et ceux qui y résident, de toutes nationalités et en priorité les plus fragiles, en créant tous les signes, tous les espaces, toutes les circulations et toutes les installations dans l’objectif, au-delà de la communication, d’installer le réconfort
“il ne suffit pas de regarder, il faut observer ce qui bouge”,selon jean dubuisson
édith girard, architecte à montreuil
mini maousse, concours en cours de micro-architecture dont la cinquième édition traite de la cuisine de rue
1 commentaire:
"cela veut dire tout autant une absence de cultures, celle de la cuisine, celle du temps de la préparation et celle du partage et une absence de confort et de sécurité"
Au dela d'une vision ethnocentrique de ce qu'est la restauration dans la rue, la question de l'espace public se pose autant pour un architecte que pour un designer, lorsque vous dites: "cela veut dire que l’espace public devient l’espace ultime de la résidence, là où sont de plus en plus nombreux, dans le monde, celles et ceux qui s’y nourrissent, y dorment, y satisfont leurs besoins naturels et y vivent"
Considérez vous que la rue ne peut être que précarité? Ignorez vous qu'en France comme à l'étranger la rue à historiquement eu un rôle de cohésion social avant de devenir un simple lieu de circulation? Ignorez vous qu'en Amérique du Sud comme en Asie l'alimentation de rue est support de lien social et d'appropriation de la ville? Considérez vous que la France n'as rien à apprendre de ces pauvres et précaires "pays du tiers monde"?
Enregistrer un commentaire